on pourrait imaginer, qu’avec les jours passant,
d’énergie sexuelle s’accumulant, de plus en plus,
et que par conséquent, de corps devenant de plus en plus réactif,
qui fait qu’au moindre contact,
l’intensité, la richesse, de ce que l’on perçoit,
s’étant développé de manière tellement exponentielle
on pourrait imaginer que dans un tel état,
qu’on se bécote soi-même, qu’on s’asticote, à tout bout de champ,
qu’on n’y tient pas et qu’on s’envoie en l’air , le plus possible,
qu’on n’est plus qu’une bête en rut, du matin au soir
et je ne parle même pas de la nuit
mais non,
chez moi, en tout cas, ce n’est pas du tout le cas,
tout au contraire, ces derniers jours, je pratique de moins en moins,
je semble m’assagir de plus en plus
et je sens que ce n’est pas juste passager
mais que c’est bien le fait, la conséquence
que ma chair soit de plus en plus sursaturée, sur-engorgée, sur-imbibée,
de ces énergies
je perçois une sorte de bien être généralisé, de plus en plus,
pas à proprement parlé, sexuel,
juste, je plane un peu, comme cela, en douce, dans ma chair,
me sens bien, vraiment bien, inhabituellement bien,
juste à être là, dans l’instant, avec ce corps,
à habiter dedans,
à sentir cette chair chaude, douce, tellement vivante
une sorte de discrète, légère, béatitude, de tous les instants
ponctuée, tout de même, de petits montées de plaisir
provoquées soudainement, spontanément,
par un geste, un mouvement, une position de mon corps
ou alors que je lance quelques contractions,
me caresse un peu, quelques instants
cela provoque chez moi, immédiatement, un basculement ,
je commence à vivre mon corps au féminin,
tellement intégralement, tellement totalement,
c’est magiquement troublant,
une sorte de transformation à la docteur Jekill et mister Hyde
mais en infiniment agréable, en infiniment voluptueux, en infiniment transgressif
comme un bref tsunami d’une telle qualité qui me traverse,
des sensations d’une finesse, d’une précision, d’une intensité,
à vous couper le souffle
une vague de volupté,
comme une sculpture vivante, géante, ciselée,
par le burin d’un volcan d’amour
qui passe un instant,
éblouissant ma chair,
me bouleversant de fond en comble,
me mettant plein d’étoiles soyeuses, dans la tête,
des larmes de bonheur, même, souvent, dans les yeux
je me satisfais de cela, plus de séance au lit,
juste quelques secondes ici et là,
quelques secondes de communion intense avec mon corps,
de chevauchée, ensemble, comme cela, à la dérobée
perfection du moment,
brève félicité, épanouissement instantané,
ailes géantes colorées qui se déploient un peu partout sur mon univers,
battant, battant, battant,
tellement doucement mais tellement irrésistiblement
parfois, je me saisis de mes seins, les triture un peu, les palpe, les presse,
ils deviennent comme des globes de chair délicieusement souple, élastique,
rayonnant, irradiant, de chaleur voluptueuse
je fais monter une contraction
et le ciel s’entrouvre,
un instant, une armada d’anges dévale la pente,
viennent me cueillir,
viennent me pénétrer de tous les côtés, de leur substance velouteuse et chaude,
je me rends à eux, je m’ouvre à eux, me laisse emplir par eux
et puis, plus rien,
le quotidien revient, est partout en moi, sur moi, sous moi
mon corps n’existe plus que comme un véhicule anonyme
l’extraordinaire, l’incroyable, a eu lieu, un moment,
il a disparu, il s’est envolé en fumée,
je porte mon secret comme un bienheureux