tout le temps, finalement,
il n’aura été question, pour moi,
que de découvrir ce que j’avais envie de ressentir
et après, d’ être capable de le ressentir,
d’être capable de le vivre dans ma chair
au jour d’aujourd’hui,
je peux dire que j’en suis devenu capable,
oh combien
fluidité parfaite, à tous les niveaux, dans l’instant,
plus de frontières, tout est ouvert,
les ondes circulent sans aucune entrave,
absolument plus de genre,
juste le désir, sans aucunes limites
parfois ,
je fais preuve, quelques instants, d’une naïveté et d’une vanité, incommensurables
je me sens ultrapuissant, omnipotent,
comme si c’était moi qui donnaient des ordres à mon corps,
lui intimant quelque part, “tiens, j’ai envie de ressentir cela et puis après, cela”
et l’instant d’après, effectivement, je ressens cela et puis après, cela,
cela vous monte à la tête
quand des choses comme cela vous arrive
mais le fait est que c’est tout le contraire, en fait,
ce que j’arrive , désormais, à faire
et ce qui peut me donner cette illusion,
c’est que je peux me laisser aller tout entièrement,
peux me laisser guider tout entièrement par le désir
il prend les rennes, il prend les commandes,
de mon corps et de mon esprit,
c’est lui qui est au gouvernail
et emporté, ainsi,
je me suis rendu compte que ce qui se passe dans mon imagination,
se passe aussi, en fait, dans mon corps
et vice et versa
ils ne font plus qu’un,
ils ne font vraiment plus qu’un
ce n’est pas moi qui imagine,
quelque chose a pris possession,
de mon imagination et de mon corps
je suis imaginé par quelque chose,
quelque chose m’imagine,
quelque chose me fait vivre les moments,
quelque chose me fait ressentir
suis-je le jouet de mon imagination?
est-ce que j’imagine que je ressens certaines choses?
oui, très certainement
mais je les ressens aussi, vraiment,
en tout cas, j’imagine, les ressentir, vraiment
et finalement, c’est ce qui compte
imaginer,
c’est une forme de réalité, quelque part,
ressentir ou imaginer ressentir,
c’est la même chose,
on peut parvenir à ressentir ce qu’on imagine
et parvenir à imaginer ce qu’on ressent,
à condition de se laisser guider
par les forces du désir qui sont en nous
tout cela s’entremêle délicieusement,
les hommes, de tous temps,
ont été , pour le meilleur et pour le pire,
le jouet de leur imagination
et je dois dire, que cela me suffit amplement,
si je suis, juste, le jouet de mon imagination,
eh bien tant pis,
ou plutôt, tant mieux,
tant mieux, mille fois, cent mille fois,
va pour cette volupté, va pour cette jouissance
qui ne sont que le fruit de mon imagination,
va pour ces transes, pour ces tremblements, pour ces convulsions,
va pour ces frémissements, de fond en comble,
jouets de mon imagination
je suis dans mon bac à sable,
mon imagination et mon corps,
me fournissent plein de jouets, à vivre dans l’instant
et vive la luxure,
le plus délicieux fruit de l’imagination,
dans notre corps