le plaisir peut m’appeler à tout moment,
quoique soit mon occupation,
comme il peut ne pas me héler, désormais,
pendant des heures et des heures
mais les énergies ne sont jamais complètement inactives,
il y a une sorte de bien-être généralisé
qui s’est installée en moi,
je plane, comme on disait dans ma jeunesse,
doucement, tranquillement
mais à peu près constamment
une proximité, une complicité, avec mon corps
qui s’exprime par une sensation de bien-être,
il est là avec moi,
en rue, dehors, il redevient ce véhicule anonyme
mais chez moi, seul,
je suis avec lui,
il s’est intégré à mon moi pensant,
il participe, à ma vie de tous les instants
et puis quand le désir s’éveille,
alors là, alors là …
ce monde aux règles d’airain, bien établies,
soudainement s’effrite, se dérègle,
est envahi de feux d’artifice dans l’invisible,
ma chair devient, instantanément, une telle fête,
j’en pleure de bonheur, par moments,
tellement un nectar ineffable,
court dans mes veines
mon corps et moi,
avons ce double de splendeur, en nous,
ce double au sexe indéterminé
qui englobe le féminin et le masculin,
qui les laisse jouer,
qui les laisse batifoler à l’infini
parfois, juste, un seul geste, une seule position,
une fraction de seconde,
les frontières disparaissent,
tout un univers où règne le ressenti, où règne la volupté,
où règne la fusion, où règne l’effusion généralisée,
où règne une forme de mystère délicieux, aussi
un univers
qui semble avoir des complicités à l’extérieur,
tout un réseau, dans l’invisible,
je suis à l’écoute, je suis attentif,
dehors, en forêt, plus particulièrement,
le vent semble vouloir me dire des choses,
la lumière, les feuilles, les troncs,
tout, en fait
je travaille à me rapprocher des végétaux, des rocs, des animaux,
comme je me suis rapproché de ma chair,
comme je me suis vêtu d’elle,
comme je m’en suis fait un nid douillet,
en même temps, qu’un volcan superbe
ma retraite débute bientôt,
tant de choses m’attendent,
des galaxies s’attroupent autour de moi,
n’attendent que mes incursions, que mes explorations,
pour vibrer et se mettre à clignoter de mille couleurs
comme des sapins de noel
les sensations, aussi brève et fugaces, soient-elles,
sont hors de l’espace et du temps