mon corps de femme, par moments
il n’y a qu’ici que je peux le dire
exposer ce genre de chose,
exposer ainsi, à la vue de tous, du premier venu,
quelque chose de si intime, de si transgressif,
de si farouchement personnel et hors normes
quel chemin de traverse,
longuement, longuement, a parcouru,
mon désir, ma sexualité,
quel étrange et fascinant monde,
quelle incroyable luxuriance,
elle a découvert, elle a investi
une victoire grandiose,
né d’un désastre, d’une table rase, d’un sinistre total,
d’une forêt qui a brûlé entièrement,
ne restait plus, à un moment donné,
que des troupeaux hagards de moignons calcinés, noirâtres,
pointant pauvrement vers le ciel
mais des graines portées par un petit vent fou,
par un petit vent coquin,
se sont frayés un chemin,
des graines se sont posées sur cette terre
qu’on aurait cru être devenue infertile, à jamais,
des graines ont été longuement caressées par le soleil, par la pluie
et quelque chose a repoussé
mais comme cette sève était spéciale,
comme il y avait quelque chose de complètement fou, dans ces graines
qui bouleverse toutes les règles,
qui fait fi de toutes les frontières, de tous les tabous
mon corps de femme, par moments,
jouissant, se tortillant, se tordant lentement,
ondulant, ondulant, ondulant,
baignant dans la volupté la plus délicieuse qui soit,
mes hanches comme des puits sans fond, de langueur
la raie du cul en feu,
les seins en feu,
la peau, partout, en feu,
les couilles en feu, le pénis en feu, les hanches en feu,
le tronc en feu, les mains en feu, la bouche en feu,
l’air dans mes poumons en feu
et puis les doigts de la fée désir,
des doigts chipoteurs, des doigts farfouilleurs,
des doigts explorateurs, des doigts avides,
des doigts constamment prêts à entrer en action
mes sexes en total éveil,
eh oui, mes sexes,
on en a tous deux,
un enfoui sous la peau, pas loin,
et l’autre, standard,
livré avec le corps,
exposé
mais quand les deux se mettent à interagir,
quand les deux se mettent à se trouver,
se mettent à s’unir,
le corps et l’esprit se rejoignent splendidement,
deviennent une cathédrale
dont les pierres fugaces, sont un désir XXL
on devient un delta d’énergie
courant partout en nous,
courant vers un océan, dans l’invisible,
pour se fondre dedans
et le ciel semble devenir tellement immense,
le vent tellement souffler de partout,
tellement depuis la nuit des temps
le monde entier
semble s’être dissous
dans le velours chaud et caressant,
de ce vent,
dégageant des senteurs immémoriales