#48925
bzo
Participant

mon corps de femme, par moments

 

il n’y a qu’ici que je peux le dire

exposer ce genre de chose,

exposer ainsi, à la vue de tous, du premier venu,

quelque chose de si intime, de si transgressif,

de si farouchement personnel et hors normes

 

quel chemin de traverse,

longuement, longuement, a parcouru,

mon désir, ma sexualité,

quel étrange et fascinant monde,

quelle incroyable luxuriance,

elle a découvert, elle a investi

 

une victoire grandiose,

né d’un désastre, d’une table rase, d’un sinistre total,

d’une forêt qui a brûlé entièrement,

ne restait plus, à un moment donné,

que des troupeaux hagards de moignons calcinés, noirâtres,

pointant pauvrement vers le ciel

 

mais des graines portées par un petit vent fou,

par un petit vent coquin,

se sont frayés un chemin,

des graines se sont posées sur cette terre

qu’on aurait cru être devenue infertile, à jamais,

 

des graines ont été longuement caressées par le soleil, par la pluie

et quelque chose a repoussé

mais comme cette sève était spéciale,

comme il y avait quelque chose de complètement fou, dans ces graines

qui bouleverse toutes les règles,

qui  fait fi de toutes les frontières, de tous les tabous

 

mon corps de femme, par moments,

jouissant, se tortillant, se tordant lentement,

ondulant, ondulant, ondulant,

baignant dans la volupté la plus délicieuse qui soit,

mes hanches comme des puits sans fond, de langueur

 

la raie du cul en feu,

les seins en feu,

la peau, partout, en feu,

les couilles en feu, le pénis en feu, les hanches en feu,

le tronc en feu, les mains en feu, la bouche en feu,

l’air dans mes poumons en feu

 

et puis les doigts de la fée désir,

des doigts chipoteurs, des doigts farfouilleurs,

des doigts explorateurs, des doigts avides,

des doigts constamment prêts à entrer en action

 

mes sexes en total éveil,

eh oui, mes sexes,

on en a tous deux,

un enfoui sous la peau, pas loin,

et l’autre, standard,

livré avec le corps,

exposé

 

mais quand les deux se mettent à interagir,

quand les deux se mettent à se trouver,

se mettent à s’unir,

le corps et l’esprit se rejoignent splendidement,

deviennent une cathédrale

dont les pierres fugaces, sont un désir XXL

 

on devient un delta d’énergie

courant partout en nous,

courant vers un océan, dans l’invisible,

pour se fondre dedans

et le ciel semble devenir tellement immense,

le vent tellement souffler de partout,

tellement depuis la nuit des temps

 

le monde entier

semble s’être dissous

dans le velours chaud et caressant,

de ce vent,

dégageant des senteurs immémoriales