qui leur permettent de pratiquer très régulièrement, parfois tous les jours sur de larges plages horaires, et je vois bien la construction intime qui se forge dans le rapport au plaisir, avec son corps, jour après jour, avec soi-même.
oui, tu as entièrement raison,
j’ai une sorte de dialogue avec mon corps,
que je mets en pause pour quelques heures quand je travaille ou que je vais faire mes courses
ou vais voir ma mère régulièrement
il est mis en pause mais jamais arrêté complètement,
prêt à reprendre à tout moment
le temps qu’on peut consacrer à sa pratique et dans un certain état d’esprit,
de pouvoir se concentrer entièrement sur soi-même,
sans souci, qu’un enfant fasse irruption dans la pièce
ou qu’en va penser notre compagne si elle découvre cela,
etc, etc
quelques rares cas de personnes avec des prédispositions exceptionnelles,
du genre qui sont tombés dans la marmite de potion magique
et qui dès la première insertion d’un masseur,
commence à avoir des orgasmes et cela ne s’arrête plus
mais c’est rare,
la plupart du temps, c’est un long et patient travail sur soi,
si j’avais une femme et des enfants,
très certainement, je n’y serai jamais arrivé
la solitude ou en tout cas, une relative solitude, a quelques très sérieux avantages
si on parvient à l’embrasser pleinement ,
à se faire son nid, son cocon,
à se développer son petit univers avec beaucoup de richesses à explorer, dedans
Il me semble que le plus grand frein à la qualité de mes séances vient d’une forme d’impatience et je sens que je dois travailler à ne pas vouloir tendre à tout prix vers l’orgasme énergétique fabuleux avec un minuteur dans la tête
ça c’est sûr, l’impatience agit comme un frein, comme un dissipateur de la qualité des sensations, en nous,
parvenir à être dans l’instant,
juste cela, être dans l’instant, avec le désir comme seul moteur,
juste le corps et l’esprit, travaillant en parfaite unisson
mais c’est plus facile à écrire qu’à faire,
je l’admets,
autant dans le plaisir en mode yin,
je suis totalement relâche et fonctionne à 100% de mes possibilités
autant en prostatique pur, j’ai aussi à tendance à perdre patience,
le problème étant, c’est qu’en mode yin,
le plaisir est tellement instantané et partout, dans tout le corps,
alors qu’avec le plaisir prostatique, il faut être plus patient
et accepter qu’il y ait, parfois, une lente montée en puissance,
à chaque contraction, j’ai l’impression de cogner deux silex , l’un contre l’autre,
essayant de déclencher des étincelles,
essayant d’embraser ma prostate et tout le reste, par ricochet
La qualité plutôt que l’intensité.
la qualité et l’intensité ne sont pas antinomiques,
c’est une autre forme d’intensité, moins en puissance, moins en quantité,
plus en finesse, en variété, en richesse des détails
une des caractéristiques des plus spécifiques de la qualité, je trouve,
c’est quand le plaisir est constamment ressenti dans tout le corps
et que les détails ressortent avec une acuité et une précision, splendides,
que tout s’enchaine comme dans une musique qui semble préécrite,
alors qu’on improvise totalement
chaque petite sensation est tellement ressentie, tellement perçue,
tellement ciselée, fine, avec une richesse de nuance éblouissante
qu’on est pâmé de fond en comble,
une forme de jouissance, quelque part
ou disons, d’une volupté d’une telle qualité,
qu’on en pleurerai de bonheur
Ça venait de partout, les jambes, le dos, les hanches, je n’avais qu’à me laisser porter, sans forcer quoi que ce soit, en transe, oui, en transe. Et mon corps m’a offert ça
ton corps, bien entendu
mais ton esprit, aussi,
c’est vraiment le dialogue des deux,
leur lien dans l’instant
qui permet aux énergies de se mettre à circuler
à travers tout le réseau que forme notre être
les digues ont complètement lâchées un moment
et tu as vécu un splendide moment de transe orgasmique,
de volupté chamanique
la magie de se faire l’amour, un moment,
parfois sans même s’en rendre compte,
on a le féminin et le masculin
qui interagissent en nous,
au maximum de leur capacité