9h15, j’émerge du sommeil,
quoi le réveil n’a pas sonné?
pas de panique,
je suis en congé maladie grâce à ma gastro
j’enlève la couverture d’un revers de la main,
mon corps nu, reposé, se révèle,
la peau s’offre au regard,
je la devine chaude , douce, velouteuse,
tellement tentante
ma main se pose sur un sein,
je le caresse lentement, le tâte méticuleusement,
je fais descendre, maintenant, au ralenti les doigts sur le flanc,
je palpe un peu la hanche
qui est comme une colline douce
à la courbe qui éveille une mélodie en moi
puis je continue encore plus bas, vers la cuisse
là je tourne un peu dans toutes les directions,
vaste plaine, la cuisse,
il y a les poils qui changent la texture perçue,
un peu comme un tissu à relief, sergé,
mes doigts glissent avec délectation dessus
comme mon corps m’a directement répondu,
dès les premiers instants,
par de douces vagues de chaleur,
un peu partout, sous la peau
qui suivaient ma main comme un troupeau joyeux
le contact est établi, la complicité est activée,
la machinerie de la fête intime, entre nous,
s’est mise en route
j’avais prévu d’aller à une analyse sanguine dans la matinée,
marqueurs PSA pour la prostate
mais comme j’ai éjaculé hier soir,
cela peut fausser les résultats,
donc rien, aucune obligation
sinon, juste goûter les instants,
glander, glander, glander
avec mes centaines de livres autour de moi,
mon bel, mon magnifique, petit appartement,
qui est comme un mini palais Renaissance italienne, à mes yeux
mais en style nettement plus contemporain, tout de même
mais il y des décorations partout, de belles choses partout
qui s’offrent au regard
après des années à amoureusement imaginer
son ameublement, sa décoration,
puis peu à peu à réaliser mon rêve,
transformer ce appartement quelconque
en un véritable bijou, selon mon goût
où le moindre détail a été pensé, repensé puis réalisé
à coups de meubles contemporains rares,
de vases, de tableaux, de lampes de collection, de masques africains,
de décorations diverses, toutes choisies soigneusement,
d’énormes bibliothèques que j’ai construite moi-même
sinon cela aurait trop cher
qui ont transformé la place
en un petit dédale bien sympa
où je me sens comme un oiseau dans son nid
mon regard voyage, perçoit un plaisir esthétique partout où il se pose,
mais pas seulement,
un profond bien-être, aussi,
c’est moi, ma créativité, depuis des années, en action,
qui a pondu peu à peu , tout cela,
enfin ma créativité, ma patience et mon salaire, aussi
installé dans mon fauteuil,
j’écarte un peu les cuisses et fais monter quelques contractions,
mes hanches se cabrent, ma tête se renverse en arrière, mes yeux se referment doucement,
des ondes d’une délicieuse puissance ont été, tout de suite générées,
sont montées jusqu’à mon cerveau,
y provoquant un nuage d’étoiles chaudes, fondantes
mon univers est décidément bien en place,
entre moultitude de livres, films et volupté,
entre jouissance, promenades dans la forêt et art, à gogo
et dans 7 mois, très exactement, la retraite,
alleluia