#49489
bzo
Participant

quel plaisir de vibrer au féminin,

dans une chair d’homme,

avec ce pénis qui pendouille entre mes jambes,

cette poitrine plate, même un peu poilue,

ce manque d’une ouverture comme une bouche à canon, de volupté,

tournée vers l’intérieur, en bas , par devant

 

il faut l’avoir vécu, au moins une fois, à pleine puissance,

pour comprendre à quel point, c’est glorieux, capiteux, sensuel,

jouissif, voluptueux,

transgressif, aussi, bien sûr

 

ce qui est, pour ainsi-dire, miraculeux,

c’est à quel point, il y a moyen de le faire,

à quel point, totalement, il y a moyen de le vivre,

sans avoir le corps et l’esprit d’une femme, aucunement

 

à quel point, ce corps,

qui semble ancré, coulé, dans le masculin,

qui semble claquemuré dans son genre,

peut s’en évader totalement, pour de longs moments

et vivre une toute autre nature,

frémir, vibrer, jouir, selon des règles différentes

 

à quel point,

tout cela est profondément enfoui, en chacun de nous

car je suis quelconque,

un mec tellement comme les autres,

pas une femme qui a atterri par erreur dans le corps d’un homme,

pas un homme qui a rêvé depuis toujours de vibrer au féminin

 

non,

juste quelqu’un qui a sauté sur une opportunité qu’il pressentait au fond de lui,

à forcer de s’explorer

armé d’une curiosité, de plus en plus, sans tabous

et qui a persisté,

qui a beaucoup, beaucoup, persisté

car, ne le cachons pas,

le cheminement a été long, très long

pour parvenir à ce résultat, tellement sans limites,

tellement cour des miracles

 

cour des miracles, oui,

c’est bien cela,

de parvenir à s’enchanter pour quelques instants,

d’une manière tellement radicale,

tellement fondamentalement différente

des plaisirs au masculin

 

quel secret, aussi,

quel doux, quel délicieux, secret à porter,

terrible, pervers, détraqué,

sans doute, aux yeux de certains

 

je n’en ai cure,

le féminin est là en moi,

je l’ai cultivé,

la petite graine que j’ai trouvé un jour,

je l’ai fait pousser patiemment,

la plante est resplendissante désormais,

immense, immense, tellement immense,

elle semble monter et se perdre instantanément dans le ciel,

parmi les nuages

quand je la laisse se déployer

 

oh, comme je l’aime

sentir m’envahir,

m’entraîner,

je semble plongé

dans une mer de volupté,

un océan de soie,

à la fois disloqué dedans

et réuni à moi-même,

tellement complice de ma chair

 

ma technique est à la fois

tellement improvisée

et tellement travaillée,

tellement au point