J’ai expérimenté deux ou trois nouvelles choses ces derniers jours ou semaines. Pas nouvelles en soi, mais plutôt dans l’appréhension de la pratique, je crois.
Je ne retrouve pas la phrase, @bzo, et pourtant je suis sûr de l’avoir lue et même que tu l’as écrite plusieurs fois : on ne se satisfait pas éternellement de ce qu’on a, on veut toujours autrement ou différemment. L’être humain est comme ça, on marche au désir, et moi toutes mes sessions finissaient par se ressembler, dernièrement. Pas dans le détail, évidemment, mais dans la routine que j’avais mise en place.
Bref, le plaisir yin (je devrais vraiment lire le fil que tu as initié il y a quelques années sur le sujet) était circonscrit à mes sessions qui peuvent évidemment être extraordinaires, quand je parviens à mettre mon esprit complètement en phase avec mon corps. Je me suis essayé à le penser, à saisir les occasions, quand c’est approprié, et notamment à réinvestir mes nuits. À la plupart de mes micro-réveils la nuit, je plie les jambes, je passe mes mains à l’intérieur de mes cuisses, j’ose monter vers le ventre, le plaisir vient, pas trop fort mais tellement bon. Et je me rendors. Et j’ai surpris mon corps à se mettre en mode rewiring, un soir comme ça où je m’apprêtais à basculer dans le sommeil. Un plaisir soudain, intense et inattendu, venu du bas-ventre, est venu me tirer de mon état cotonneux et s’est prolongé pendant de longues secondes. Je croyais avoir atteint une maîtrise satisfaisante de la pratique, et voilà que mon corps se réveille comme s’il la découvrait pour la première fois.
Ça faisait plusieurs jours que j’avais des appels de prostate – soit je l’appelais, soit elle m’appelait, je ne sais pas. Assis, une contraction un peu longue, un plaisir localisé, une petite sensation de chaleur, pas trop fort. Plusieurs jours que je la déclenchais régulièrement sans chercher à l’amplifier, et hier soir rien ne me prédisposait à ce que ce soit différent, mais je suis allé me coucher et je n’arrivais pas à dormir. Je me suis relevé une première fois pour regarder un podcast, enrichi de contractions régulières, puis recouché. J’ai senti que ma prostate voulait. Impossible de dormir. Pendant une demi-heure peut-être, je contractais, ça chauffait, ça montait haut, mais toujours dans des proportions raisonnables : la présence de Madame dormant à mes côtés empêchait l’abandon complet, mais à force de chauffer, je me sentais de plus en plus incandescent, les images de mes voisins dont j’ai surpris les préliminaires un samedi pluvieux venaient et faisaient monter mon plaisir, mon bassin semblait prêt à se casser en deux sous l’effet des convulsions que j’essayais de contrecarrer, car si je bougeais trop je risquais de réveiller ma compagne. Je sentais l’énorme boule de plaisir presque là, juste là, délicieuse frustration. Je n’y ai plus tenu : j’ai déménagé ma couette et mon corps nu dans le salon.
Arrivé là, enfin seul, c’est presque décevant. Les sensations sont moins fortes, le danger de l’interdit devait les amplifier. Néanmoins la session continue, chaque contraction apporte sa vague de chaleur, différente selon ma position, sur le ventre, en chien de fusil, sur le dos. L’orgasme ne vient pas, mais je m’en fiche, c’est si bon… Je contracte, la chaleur monte, monte, monte, je suis essoufflé, je dois m’arrêter. Comme dans mes débuts, par moments je me sens proche du basculement, je sens que ça pourrait être le tsunami, que l’appréhension vient bloquer.
Ce qui est intéressant, c’est que pendant toute la durée de la session, je m’interdisais de me laisser aller à la facilité du mouvement déclenchant le plaisir yin. Ou plutôt, j’essayais de m’en empêcher (c’est peut-être plus difficile sans l’Aneros qui a un rôle de facilitateur chez ses adeptes), sans toujours y arriver mais en réussissant à le limiter à quelques fugaces instants, et au bout d’un moment, c’est mon propre corps qui a commencé à le générer. À chaque vague, c’est comme si mon corps était devenu abrasif et que mes jambes crépitaient sous les flammes. Mais pas que, ça se déplaçait dans mon corps, des sensations plus chaudes qu’à l’accoutumée, j’ai même eu un orgasme localisé au niveau du sexe sans toucher mon sexe, je décollais avec le simple frottement de mon corps sur les draps. Je suis resté plusieurs fois allongé, immobile, sans contracter, à sentir le feu se propager, atteindre un pic, redescendre. Et puis je recommençais. Le réveil serait terrible, mais je n’ai pas regardé l’heure. C’était mon moment. J’ai eu l’impression d’accéder à une autre dimension du yin, auto-alimentée par cette partie de moi-même longtemps restée en sommeil. Et j’ai encore chaud au ventre.