Il y a des gens qui vont au sauna libertin le dimanche soir. J’imagine qu’ils y vont pour s’encanailler, terminer leur weekend par une fantaisie décadente, faire des choses sales après un weekend peut être trop propre.
Et puis il y a nous deux. Celui que j’appelle mon professeur et moi.
Nous avons passé une bonne partie du dimanche à faire couler nos fluides, à humidifier la literie de notre chère amie commune avec notre sueur, notre salive, nos cyprines et son sperme. Nous nous sommes roulés à trois dans le plaisir, et pourléchés de stupre…
Et si on allait dans un sauna libertin ?
Mais à 18 heures, obligations familiales, elle nous a invités à partir. Pour gagner du temps de jeu, j’ai proposé d’économiser sur la douche et d’aller, mon professeur et moi, se rincer au sauna libertin…
Certains y vont pour faire des choses sales. Nous nous irons après, pour nous en nettoyer.
Par raison tout à fait pratique, nous allons dans un sauna proche de la gare de Lyon, au Caméléon. Nous n’y avions jamais été.
L’entrée n’est pas très chère, 30 € pour notre couple. S’il y avait été seul, il aurait payé 40 €. Le ton est donné, ma présence lui fait gagner de l’argent. Je fais partie du produit.
Nous sommes toutefois gentiment accueillis par un jeune homme tranquille et souriant. Il nous rappelle les règles en nous menaçant d’un coup de cravache si on reste trop longtemps dans le petit jacuzzi par exemple… Menace ou invitation ?
Nous recevons des tongs, une serviette et un paréo chacun, un vestiaire est juste à l’entrée du sauna libertin.
Nous traversons un grand salon bar, ou quelques hommes font rouler leurs yeux sur ma silhouette que par audace exhibitionniste, je laisse tout à fait nue.
Nous prenons les escaliers puis nous glissons sous une douche bien chaude, par respect pour ceux qui ne souhaitent pas que nous diffusions nos fluides de l’après-midi dans l’eau du jacuzzi.
Ce dernier est tout petit, 5 ou 6 places. Brûlant. Il y a beaucoup d’hommes, l’ambiance est un peu électrique. Les femmes sont rares, les mains baladeuses inévitables dès que mon partenaire s’éloigne. Je ne me sens pas très bien…
Je suis triste d’autant de misère. De ces attentes que je sens peser sur moi, le gibier est un peu maigre. Le gibier, c’est moi ! Et peut-être une ou deux autres femelles qui se perdent au milieu d’une trentaine d’hommes…
Je me sens même cruelle, de venir ici sans intention de consommer (ou d’être consommée), déjà rassasiée, alors que je sais que ma petite taille fine et mes tétons qui pointent ou même simplement l’idée de ma vulve excitent ces mâles en quête d’excitation et de plaisir plus ou moins égocentrés.
Mon cher ami sens le malaise, il traduit : “Non mais les gars, qu’il n’y ait pas de malentendus, n’attendez rien d’elle ou de nous, on est seulement là pour se reposer…”
Ils sourient, peut-être un peu gênés, mais polis aussi. Alors par élan de cœur et aussi parce que j’aime jouer, je me dis que nous pouvons quand même égayer la situation, par une délicieuse évocation rieuse de notre après-midi, un peu d’exhibition verbale, de flagornerie réaliste.
Je dis : “Nous sommes épuisés, ça arrive quand on jouit des dizaines de fois comme aujourd’hui. Et puis d’asséner des coups de gode, c’est fatiguant musculairement…” Je sens de la curiosité. Un homme m’interroge, oui, il a bien entendu.
Alors, je déroule des détails de notre après-midi, comment avec notre bonne amie, nous avons fait fête de nos corps, stimulant par nos gestuelles délicates et exploratrices diverses zones de nos corps, à s’en faire jouir le sexe, mais aussi l’anus, la prostate, les tétons (oui oui, des orgasmes des tétons, non pas moi, lui…) ou presque les oreilles… Comment nous avons joué avec les combinaisons de caresses possibles dans notre triptyque… Comment cet homme au génie pervers a détourné divers objets du quotidien pour nous faire crier de plaisir…
Nous sommes un peu longs dans le jacuzzi, nous changeons de lieu, pour aller dans le hammam. Une petite cour nous y suit, alléchée autant par le contenu que par l’enthousiasme de notre voix. On nous interroge sur notre lien. Est-ce que nous sommes ensemble ? Pour nous oui. Mais “ensemble” ne semble pas designer la même chose pour nous et pour eux. Oui, il y a de l’amour entre nous, de la complicité, du respect, mais si nous sommes mariés, ce n’est pas “ensemble”.
J’explique qu’il est mon professeur, qu’avant lui, je ne connaissais pas grand-chose de mon corps, du sexe non coitocentré, ni même des sextoys. Et que maintenant, je sais ranger par ordre de préférence les dizaines de jouets qu’il m’a fait essayé, je sais aussi identifier trois types d’orgasmes dans mon corps et prend plaisir à en faire symphonie seule ou entourée.
Il fait trop chaud. Nous allons nous allonger dans un petit salon. Je m’assoupis sous l’œil protecteur de mon amant. Les jambes lascivement ouvertes, afin d’une part d’être à mon aise dans le repos et aussi… Parce que quand on peut faire plaisir…
Mon professeur rappelle que nous avons eu notre compte, et qu’il ne faudra rien espérer de nous…
Mais c’est sans trop compter sur mon appétit insatiable, surtout quand j’ai passé quelques quarts d’heure à parler friponneries.
Le professeur est prévoyant, il ne se déplace jamais avec moi sans quelques précautions. Aussi, en riant, il sort d’une petite trousse un beau gode en bois ainsi qu’un petit stimulateur vibrant… Notre public, composé d’une demi-douzaine d’hommes dans la pièce et de quelques autres massés derrière une sorte de grille, ouvre des yeux ronds devant de tels objets dont l’usage ne sera pas long à deviner.
Après m’avoir fait lécher le godemichet, mon professeur le glisse généreusement dans mes chaires humides. Huuum… Je réagis vite, après quelques va-et-vient mes premiers gémissements surgissent. Je suis acclamée. Dans un élan de lucidité pas encore tout à fait perdue, je précise mes limites à ces hommes : ils peuvent regarder, ils peuvent se branler, mais ils ne me touchent pas, ni ne coulent sur moi. Ils peuvent nous encourager…
C’est ce qu’ils font. Ils commentent. Ils interrogent mon branleur. J’entends à moitié. Il nomme les objets. Leur dit combien il me connait. Mais les mots sont noyés dans l’écrin de mon plaisir. Je jouis plusieurs fois. Je me sens acclamée. J’adore. C’est à la fois complétement décadent, exhibitionniste, jouissif et… si drôle et insolite.
“Oh, elle aime ça ! Ah, vous mettez ce truc-là, ah oui sur sa… Oh, regardez comme elle s’arc-boute, regardez ses yeux, elle tremble…”
Mon plaisir est un spectacle. Le public est reconnaissant et curieux.
Après de délicieuses séries d’orgasmes, je m’avoue rassasiée. Puis, nous nous offrirons un petit rappel. Le professeur est un héros, un magicien à leurs yeux.
Repos. Douche. Puis hammam à nouveau. Les artistes dévoilent leurs tours. Dans la joie et la bonne humeur, nous avons alors, avec nos nouveaux fans à qui nous donnons l’adresse du site NouveauxPlaisirs.fr, la discussion la plus surréaliste que je n’ai jamais eu sur la taille des pénis. Ces hommes se glorifiaient de leur taille avant de s’entendre dire que pour moi la taille n’a aucun impact étant donné que je m’accommode de chaque format dans diverses pratiques.
Nous parlons massages de la verge, fellation, massage prostatique, masturbation féminine, sextoys pour clitoris. Ces hommes ne semblaient rien connaitre du plaisir clitoridien. On a parlé aspirateurs clitoridiens, massage au gode, vibrations… Bien-sûr en évoquant que chaque femme, chaque corps est différent.
Ils m’adoraient et buvaient les paroles de celui qu’ils ovationnaient “El Professor”.
Nous étions ni plus ni moins en train de d’ébaucher (non, je n’ai pas dit débaucher) un espace d’ouverture, de déconstruction, peut-être même d’éducation SexPositif: abordant le consentement, l’écoute de l’autre.
Après une dernière douche, nous sommes partis avec l’impression de quitter une fête avec de nombreux amis, qui attendraient notre retour.
Nous sommes repartis rieurs. J’étais rêveuse. Si nous venions plusieurs fois, égayer de valeurs SexPo un lieu aussi normé, par la pétillance de nos démonstrations de plaisir, et nos discours ludiques et excitants… Est-ce que nos idées se diffuseraient ? Est-ce que ces hommes seraient plus attentifs au plaisir féminin, auraient autre chose à proposer aux femmes que la dimension de leur sexe et leurs gouts a priori quasi exclusivement coitocentrés? Est-ce que les sextoys y apparaîtraient ? Est-ce que cela ferait venir plus de femmes, est-ce qu’elles y seraient plus satisfaites ?
Je rêverai d’un lieu ouvert, d’exploration, d’éducation, de communication, d’échanges dans le plaisir et le respect.
Notre folie, notre exhibition, mais aussi notre passion étaient communicatives. Et au début, je me sentais mal, en repartant, j’avais rencontré par les mots ces hommes qui me semblaient déjà plus attachants, et plus humains…
Laissez-moi être idéaliste, laissez-moi être rêveuse. Je retournerai me faire branler par mon professeur, dans ce sauna libertin ou un autre. Au mieux des rencontres et des déconstructions fleuriront, au pire… Bah, je me ferai masturber quoi ! Je vous ai déjà dit comme j’aime qu’on me branle ?
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Mille mercis à vous d’avoir lu ce paragraphe.
Magnifique comme tu as réussi à rendre enthousiasmant, un lieu un peu glauque.
Tu es une vraie évangéliste qui prêche la bonne parole pour convertir les mals (mâles ?) pratiquants !
“Je rêverai d’un lieu ouvert, d’exploration, d’éducation, de communication, d’échanges dans le plaisir et le respect.”
Ce serait effectivement formidable…
Merci pour ce joli récit très intéressant et excitant à la fois 😉