Récit tiré d’une histoire vraie qui m’a été racontée…
Je suis sur son lit. Je l’observe se préparer. Elle maquille à outrance ces beaux yeux noirs. Elle a des (faux) cils immenses et une (vraie) bouche pulpeuse. Elle se contemple, retouche, elle se sourit dans le miroir.
Elle attend son client régulier du jeudi soir. Et moi, j’attends avec elle. J’ai fini de l’interroger, six longues interviews précieuses pour ma thèse de Sociologie, mais j’ai pris l’habitude de venir chez elle et je m’y sens bien. Nous sommes devenues amies. Et j’ai fini par aimer ses récits, sa personne, sa rage de vivre, sa décision tout autant que sa vulnérabilité bien cachée.
Le jeudi, c’est Denis. Quarante-cinq ans, chauve. Il aime qu’on l’encule. Il trouve que de se faire mettre par une femme, c’est moins gênant. Ça le menace moins dans l’image qu’il a de lui. Il va voir une femme, ils baisent, il prend son pied, il se soulage de ses démons pour la semaine et il paye. Il est courtois, propre. Un client comme elle les aime.
Elle les aime bien ses clients. Elle les écoute. Elle aime bien quand ils leur racontent leur histoire.
Celui qu’elle préfère, c’est Slimane. Il vient parfois le weekend. Il est beau, jeune. Athlétique. Il a le regard un peu triste qu’ont certains beaux visages algériens. Quand il vient, il reste habillé. Il veut la sucer. Il prend son sexe dans sa bouche et le suce pendant de longues minutes. Il ne cherche pas à la faire jouir, mais il aime avoir son membre dur contre sa langue ou sur sa joue. Quand il en a assez, il part, souvent, elle aimerait l’embrasser. Mais il part vite après. Et elle, elle soupire et espère le voir bientôt.
Elle se dit qu’il doit avoir honte. Elle aimerait le soulager de sa honte. Elle ne peut pas. Mais elle satisfait un peu de ses désirs. Elle le fait avec douceur et tendresse. Et c’est déjà ça.
René, lui, n’a pas honte. Il est bisexuel. Il a du succès. Il a pleins de conquêtes, des hommes, des femmes. Et quand il vient la voir, c’est pour la cajoler, rire avec elle, dévorer ses seins puis se faire prendre par le cul. Le tout avec joie et simplement. En fait, le cul, ça peut être si simple. Il dit qu’elle est merveilleuse, qu’avec elle, il a tout et qu’en plus, elle a un rire magnifique. Son rire de Brésilienne, qui porte la chaleur et les couleurs.
C’est vrai qu’elle est belle. Je lui dis moi aussi. Moi, je n’ai connu que des hommes, mais les femmes me plaisent. Elle me plaît. Je crois que je lui plais aussi. On est copines maintenant. Et elle non plus n’a jamais été avec une femme. Pourquoi pas jouer un peu… Le client n’arrive que dans trois quarts d’heure. On s’embrasse. On s’est déjà embrassé plusieurs fois.

Parfois, elle me dit qu’elle pense à moi pour bander. Cela me touche d’être dans ses pensées érotiques.
Ce n’est pas toujours facile de bander. Avec cette maudite queue qu’elle aimerait ne pas avoir. De temps en temps, elle maudit ces hommes qui ne viennent la voir que pour ce sexe qui la dégoûte. Sans eux elle pourrait oublier qu’elle n’a pas le bon corps. Elle est une femme. Comme moi.
C’est doux entre femme. Les peaux sont douces, les lèvres plus délicates.
La température monte. Je sens du désir, en moi, en elle. Ça tourne comme dans un chaudron. Je touche ses seins, ils sont magnifiques. J’adore les toucher. C’est nouveau pour moi.
Je sens son érection, ça je connais. Je mets ma main sur son entrejambe. Et si on se faisait un petit peu…
Elle ralentit. Ça lui fait drôle. Elle me dit qu’elle n’a jamais pénétré ni même trop touché de chatte. Je me déshabille et ouvrant mes cuisses, je lui dis : essaye.
Elle touche. Je suis humide. Mes chaires sont chaudes. Elle sourit. Elle est un peu émue je crois. Et moi dévorée de désir et de curiosité.
Elle retire sa culotte, garde sa robe quand moi, je suis nue. Elle revêt son sexe d’un préservatif. Elle l’approche près de ma vulve. Je lui montre comment me caresser avec son gland avant de me pénétrer. Elle se glisse en moi. Elle est surprise, ça rentre facilement, c’est chaud, mouillé et agréable, me dit-elle. Elle se met ensuite à onduler. J’attrape ses fesses pour l’accompagner. Je prends plaisir.
Elle sait bouger, c’est une professionnelle. J’adore voir ses seins sautiller dans ses mouvements. Je sens son odeur, quelque chose de masculin au milieu de son parfum délicieusement féminin. C’est un peu troublant. Sa douceur en même temps que sa fougue. Je jouis. Elle non. Elle doit se préserver pour son client. Mais je vois bien qu’elle a pris plaisir.
On rit comme deux gamines qui viennent de faire une filouterie.
Elle range, arrange. Puis, elle me file une tape sur les fesses : “allez file vilaine, tu crois que je n’ai que ça à faire ! Ah bah oui !” Et elle rit !
Je lui fais une bise, lui souhaite une bonne soirée. Je repasserai demain.
C’est une bonne amie. Je l’aime bien.
Illustration de l’article : Gabrielle Fauvet
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Je découvre par le biais de l’Institut pour l’Harmonie Sexuelle. Le récit sur lequel je tombe me plaît beaucoup.