Tout cela ne serait pas arrivé si j’étais restée sage, si je n’avais pas voulu m’exhiber, si je n’étais pas si joueuse si je n’étais pas libertine.
Tout cela ne serait pas arrivé si je n’avais pas été aussi naïve, si j’avais été plus lucide, plus claire dans mes intentions, plus à l’écoute de mes émotions.
Tout cela ne serait pas arrivé si j’avais fait ou non ceci, dit ou non cela. Si je n’avais pas.été moi.
La culpabilité…
La culpabilité est un mécanisme psychologique fréquent en cas d’agression sexuelle.
On appelle cela l’identification à l’agresseur. Le psychisme préfère se sentir responsable des événements plutôt que d’accepter l’horreur de l’impuissance.
Tout comme le déni: Peut-être n’était ce pas une agression, peut-être que c’est moi qui me refait le film. Peut-être qu’il a été trompé dans mes intentions, que je l’ai séduit, qu’il ne savait pas ce qu’il a fait.
C’est un abus sexuel oui ou non ? J’ai posé cette question à mes amis, à une psy d’une association qui vient en aide aux personnes victimes d’agression sexuelles. Il est clair que mon consentement a été outrepassé.
Mes reflexions sur le consentement…
Tout cela n’arrivera plus. Maintenant le consentement est un point indispensable de mes aventures. Et je milite pour que cette notion soit dans les bouches de tout ceux qui envisagent la sexualité.
Tout cela ne serait pas arrivé si la société était mieux éduquée.
Le consentement c’est dire oui. Avec les mots ou le regard, du moment que c’est clair.
Il est tellement plus érotique de se dire oui plutôt que d’attendre un non. Il est tellement plus égalitaire de s’interroger sur notre désir à partager plutôt que de se conformer au schéma sinistre de l’homme qui pousse la femme en craignant son refus.
J’ai envie de t’embrasser, de te toucher, je peux? Je peux te déshabiller, ok? J’ai envie de te sucer, de te lécher, de m’introduire dans ton corps ou de t’accueillir dans le miens. Me parler et parler ainsi m’excite énormément. Le oui est le mot le plus érotique du langage d’amour.
Un acte sexuel ne devrait jamais se dérouler sans consentement. Un acte sexuel qui n’est pas intégralement consenti comporte une partie violente, d’agression sexuelle.
Le consentement doit alors être libre, informé, spécifique, révocable et enthousiaste.
- Libre: le consentement n’est recevable qu’en dehors des contraintes, des pressions qui peuvent être exercées par le pouvoir (financier, hierarchique, rapport de force…) ou par les sentiments (chantages affectifs, se forcer pour faire plaisir, se sentir aimé.). Si vous exercez un rapport de force pour obtenir un acte sexuel, c’est du viol. Si vous vous forcez par ce que vous vous sentez obligé, interrogez vous.
- Informé: un rapport sexuel nécessite un minimum d’information. La contraception et la protection envers les IST sont des points essentiels à aborder. Les pratiques sexuelles inhabituelles pour au moins l’un des partenaires méritent une information au moins sur la sécurité de l’acte. Une mise au point par rapport au contexte sentimental est parfois nécessaire, exclusivité sexuelle ou amoureuse, engagement ou non. Il suffit qu’un des partenaires aie besoin de se situer pour que la communication soit indispensable. Si l’autre refuse le dialogue, et que c’est important pour vous c’est de l’abus. Si vous refusez le dialogue c’est un manque de respect.
- Spécifique: consentir à une pratique n’est pas consentir à tous les possibles. Accepter un baiser n’est pas consentir aux caresses. Solliciter une fellation n’est pas consentir à une pénétration. Consentir à une pénétration n’est pas accepter un baiser. Si vous croyez qu’accepter un dernier verre veut dire passer à la casserole, vous vous trompez. Votre partenaire ne le veut pas forcément. Faire comme si, n’empêchera d’ailleurs de proposer ou de consentir à la suite.
- Révocable: à tout moment chacun à le droit de dire non, d’arrêter. Cela peut être frustrant, mais la frustration n’est rien à côté du vécu de viol de la personne qui n’a pas pu dire non ou même rien à côté de la culpabilité de celui qui a continué sans percevoir le non consentement. Laissez la liberté de dire non, c’est renforcer la liberté de dire oui.
- Enthousiaste: un oui qui n’est pas clair c’est déjà un non. Établissez le dialogue. Prenez le temps de vous connecter à vos propres sensations, à votre partenaire. Le consentement est la clé de l’épanouissement.
Enthousiaste, libre, informé, spécifique et révocable. 5 commandements que si j’avais connu plus tôt, m’auraient peut-être évités l’atroce vécu de viol.5 notions qui rendraient la sexualité de tous plus respectueuse et libre.
Ce que j’ai appris, le futur…
Aujourd’hui je continue d’aimer, je continue de coucher, je continue d’aimer coucher… Mais j’exige de mes partenaires d’être irréprochable sur les notions de consentement. C’est la condition sine qua non pour m’avoir dans son lit (ou sa baignoire…)
J’ai traversé l’expérience, et le trauma a laissé quelques traces mais je m’en sors bien. D’autres n’ont pas cette chance ; en en parlant autours de moi, j’ai perçu dans l’horreur que j’étais loin d’être la seule: des femmes (et aussi des quelques hommes) pour qui le travail de reconstruction aura été très long. Le déni peut durer plusieurs années, la culpabilité, le stress traumatique aussi.
Tout cela me met en colère. Il est temps que la question du consentement soit au centre de l’éducation de nos enfants, dans les foyers et relayé par l’enseignement.
La sexualité est belle, l’humanité est belle, pour peu qu’on y fasse vivre le respect.
Baisons nous les uns les autres, avec respect et attention: consentez vous ?
Les articles de la série :
- Agression sexuelle, la mésaventure du photographe
- Agression sexuelle, l’abus ?, le déni
- Agression sexuelle, se soigner
- Agression sexuelle, reflexions sur le consentement
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