Tous les hommes que je connais aiment la sodomie. Si ils ne la pratiquent pas ardemment ils l’ont en fantasme. Et chacun de mes quatre hommes aimeraient me prendre par derrière. Et j’avoue ne pas le leur avoir donné à tous satisfaction… Un peu pour les frustrer, les faire languir, désirer plus fort encore, un peu parce que pour chacun d’entre eux j’attends d’être prête, de leur faire suffisamment confiance.
Cet acte, plus encore que les autres, me demande de l’assurance dans la connexion à l’autre, tant il me demande encore de lâcher prise.
Je suis pénétrable. Je suis femme. Mais ces messieurs aussi sont pénétrables, ils ont un anus, un rectum et même un magnifique organe propice au plaisir, leur prostate.
Les hommes sont pénétrables et je peux être pénétrante…
J’ai une langue, dix doigts et des idées de jeux, d’objets…
Mon homme fusée
Mes deux derniers amants, je les ai rencontrés à la suite de discussions sur des forums dédiés au plaisir prostatique. J’avais été fascinée par les récits d’hommes cherchant un plaisir que je ne soupçonnais pas, un plaisir que certains qualifiaient même de féminin. J’ai donc choisi d’ouvrir ma sexualité à des hommes dont l’ouverture d’esprit était tourné vers l’idée que leur plaisir pouvait être obtenu dans la pénétration…
Aujourd’hui parmi les nouvelles pratiques sexuelles que j’ai développées aucune ne me semble aussi incroyable que celles qui me permettent de donner de plaisir à un homme en le pénétrant.
Je me souviendrai toujours de cet amant qui après que je l’ai massé, a regroupé son corps et s’est mis à quatre pattes me présentant son postérieur. Je me souviens de la lenteur de son mouvement, de sa langueur. Comme un chat, tout habité par le plaisir de son mouvement. Jamais un homme ne s’était tenu ainsi devant moi, telle une invitation.
Je me souviens avoir été troublée quelques instants. Je n’avais jamais osé pénétrer un homme. Je connaissais son cheminement dans le plaisir anal et prostatique, j’avais très envie de l’accompagner dans ce cheminement, à ma petite mesure. Mais le pas était grand à franchir. Ma curiosité était forte, j’étais là parce que j’avais envie de réaliser mes désirs, j’étais déjà sur la voie de ma masculinité. Mettre un doigt dans cet homme en était la suite logique et désirable.
Son anus était si doux. Il avait la peau fripée, et ses contours semblaient dessiner comme des petites lèvres. Il me faisait penser à une fine vulve, très étroite. J’ai lubrifié mon doigt, j’ai caressé. Mon doigt était timide, inexpérimenté.
Comment savoir quand appuyer, quand ouvrir, quand se glisser… Et mon esprit joueur a ensuite pris le dessus. J’ai alors joué avec son corps, mes sensations, ma créativité en écoutant ses réactions, ses mouvements de plaisir ou de recul, ses spasmes de plaisirs, ses gémissements, parfois ses mots « doucement!» «oui, encore… ».
J’ai senti le renflement de sa prostate sous la fine peau de son rectum. Et cette peau est lisse, chaude, je ne m’attendais pas à autant de douceur. J’étais redressée derrière lui, un doigt dans son corps et je lui donnais du plaisir. C’était si simple et si grand. Je me sentais si forte, si puissante.
Et j’ai enfin compris le plaisir que prenait mes amants à m’observer et me faire gémir de plaisir. Plus encore qu’en prenant dans ma bouche ou dans mon vagin, donner du plaisir en pénétrant l’autre est tout à fait spécifique et intime. Merci à mon homme fusée pour sa confiance, sa simplicité et pour ce plaisir partagé, le premier du genre pour moi… De mon genre masculin…
Mon maître
Quelques semaines plus tard je retrouve l’amant que j’appelle mon maître. Je suis son élève, il me donne l’impression de tout savoir, tout connaître, avoir tout exploré, il a tant à m’apprendre… Je connais son propre cheminement sexuel et son évolution dans la recherche du plaisir prostatique. Il me dit « avec moi cela sera trop facile, vous allez me faire jouir, vous verrez je suis très sensible et multiorgasmique ». Et il a eu raison.
Au cours de délicieux ébats alors que je caressais sa verge de mes lèvres, ma langue descendait sur ses jolies bourses, puis en descendant encore, en enfouissant mon visage, je rencontrais son anus. Je le lèche délicatement, puis avec insistance et conviction. Mes doigts rejoignent ma langue. Je les enduis d’un lubrifiant en silicone. J’insère un de mes doigts. J’aime sentir la contraction de ses sphincters autours de mon index. Je les masse.
Je me souviens avoir lu des articles: le canal rectal espace très sensible avant le rectum. Alors mon doigt tourne, fait des allers et retours, sans trop s’enfoncer pour rester dans ce canal dont je connais la sensibilité théorique. A cet instant, j’en éprouve la réalité chez cet homme, cet homme que j’admire et que j’aime, cet homme dont je me délecte du plaisir que je lui donne. Il soupire, puis gémit doucement. Ses mains viennent stimuler ses propres tétons. Il s’ouvre au plaisir. Il est alors si beau. Ses chairs s’ouvrent sous mes doigts. Et je sens que je peux y glisser sans aucune résistance un deuxième doigt. Mes pénétrations sont plus profondes, mes gestes sont langoureux.
J’avance un de mes doigts plus encore en profondeur, il trouve cette petite bosse tendre, et je sens aussi des canaux de chaque coté. Je la caresse, la presse doucement, la déplace d’un coté et de l’autre. Il gémit, la tête en arrière, son corps s’arque boute. Je continue. Je sens une vague de chaleur autours de mes doigts. Je regarde son visage, il s’est redressé pour me voir, son regard est singulier. Ses sourcils sont obliques, comme de surprise et de supplication. Je vois ses yeux s’orienter en un léger strabisme puis il s’abandonne tout à fait et se laisse retomber sur le matelas. Il gémit fort. Son corps s’agite de soubresauts. Je suis fascinée et émue.
Je continue de masser, de caresser, d’un doigt puis de deux. Ses mains agrippent les draps, sa verge se dresse, elle danse et tout son corps est emporté dans un plaisir frénétique, qui dure encore et encore. Je suis émerveillée, si heureuse de tant de plaisir. Ses gémissements deviennent notes de musiques, long râle de bonheur. Puis sans que je n’ai à la toucher, sa verge éjacule, un puissant jet fluide et crémeux.
Alors je continue quelques instants puis retire mes doigts et viens me lover dans son aisselle. Je suis heureuse pour lui, il me fait tellement jouir, je lui rends en quelque sorte la pareille. J’attends qu’il récupère, qu’il revienne et qu’il mette des mots sur cette expérience qui me semble si extraordinaire, qui m’est si nouvelle. Il me dit que j’étais parfaite, je rougis de plaisir.
Il qualifie mon style naturel: je jouais beaucoup avec l’analité et que je l’avais joliment associé au plaisir prostatique. Merci maître pour vos mots.
Je suis femme masculine et il est homme pénétré
Pour notre prochain rendez-vous, je lui parle d’un de mes fantasmes. J’ai tellement aimé donner du plaisir à mes 2 amants en me glissant dans leur corps que je veux continuer d’explorer celà. Je me sens si masculine, j’ai envie de l’exacerber. Je veux me sentir pénétrante avec mon pubis, je veux donner des coups de reins. Il me suit, évidemment. Il apporte avec lui un godmichet double, à la forme très structurée. Constitué d’une partie en forme d’oeuf à insérer dans mon vagin, l’objet se prolonge d’une longue verge en silicone, l’ensemble est articulé pour permettre la position qui conviendra le mieux à notre anatomie.
Ce rendez-vous est magique, nos retrouvailles sensuelles tendres et passionnées, les plaisirs s’enchaînent sans se poser de question, ne suivant que nos impulsions corporelles, on s’attache, on se libère, on se lèche, on se suce, on s’explore on se pénètre l’un l’autre, on se fait jouir… Après lui avoir donné quelques orgasmes prostatiques je me saisis de l’objet posé à côté du lit, nous l’enduisons de lubrifiant, je l’insère dans mon corps, il vibre! Mon maître était resté allongé sur le dos, je me place devant lui entre ses jambes repliées et je le pénètre…
L’objet vibre dans mon corps, mais c’est son plaisir à lui qui m’agite. Je le vois jouir sous les mouvements de mon pubis, mes ondulations nouvelles: des ondulations d’homme. Je me sens homme qui prend mon partenaire et je le sens femme qui reçoit mes gestes et vibre violemment de plaisir… Les rôles sont comme inversés et pourtant c’est toujours moi, c’est toujours lui. Je suis toujours femme, et lui toujours homme. Je suis femme masculine et il est homme pénétré. Et nous sommes tout autant complémentaires que nous sommes en paix et en équilibre avec notre propre ambivalence sexuelle.
Je me sentais bisexuelle…
Pendant ces moments d’extase je me sentais si bisexuelle. J’espère un jour rencontrer une femme, qui partagerait cette forme de complicité, que nos jeux me laissent explorer le potentiel masculin de nos corps de femmes. Je pourrais pénétrer une femme, une femme pourrait me prendre…
Cette femme n’aurait pas de prostate mais peut-être aura t elle un utérus sensible comme le mien. Car en observant la forme de plaisir de mes hommes vivent, je me reconnais dans certains de mes orgasmes. Dans leur aspect vibratoires, leur forme profonde et aiguë, dans l’abandon qu’ils provoquent et qui les provoque je crois reconnaître mes orgasmes uterins. Peut-être que l’uterus ou les tissus de son col sont l’équivalent anatomique de la prostate… Si de beaux scientifiques veulent éprouver la théorie, je me porte volontaire…
Mon incapacité à me faire jouir seule m’a conduite à me passionner pour les pratiques masturbatoires prostatiques… Je crois que la quête dans laquelle je suis engagée, celle de mon épanouissement sexuel passe par la reconnaissance et l’exploration de la diversité de mon genre et de mes orientations. Je suis femme, multiorgasmique, bisexuelle, féminine et masculine… Je suis tout celà, merci à la diversité du monde, à celle des autres et à la mienne!
Merci aux anus, aux prostates, aux uterus, aux clitoris, aux verges, aux tétons, aux peaux, aux corps, aux souffles, aux émotions d’exister…
Merci à la vie et à nos sexualités…
Illustration de l’article : Photos de Dainis Graveris sur SexualAlpha
Liste de tous les articles de cette série
- La Sexualité Anale Partie 1 : Analité, une histoire de désir, une voie de plaisir
- La Sexualité Anale Partie 2 : Analité, partie 2, le plaisir sale, je n’avais pas tout dit
- La Sexualité Anale Partie 3 : Analité, partie 3, la leur… le plaisir anal au masculin… Moi en masculin…
Très bel article que je trouve très érotique surtout le matin avec son premier café, et plus encore lorsque écrit par une main féminine.
Je suis très friand de ces articles car suis moi-même en quête de ce plaisir, mais malheureusement ma compagne ne l’a jamais compris.
je reste donc sur ma “faim”. Toujours est-il que ces articles sont très instructifs et ouvrent des voies (psychiquement j’entends)
Xavier