Son corps est souple, svelte, musculeux. Ses goûts vont vers le yoga, la danse, les rencontres. Son régime est vegan. Son hygiène est saine.
A ses côtés, je découvre une autre cuisine, des ingrédients. Comment faire un substitut à la crème fraiche avec des noix de cajou. Comment utiliser des protéines de soja en place de viande.
Je l’appelle ma biscotte, c’est sa chair que je vais croquer, carnassière que je suis. Mais sa chair est consentante, donc c’est ok.
Je mange la blanquette vegan sur son lit. Ses yeux se ferment, je nourris sa bouche. J’y apporte la cuillère, elle perçoit l’approche et saisit. Quand elle se referme je pose mes lèvres dessus et l’embrasse en léchant de ma langue la crème sur son menton. J’ai faim aussi.
J’invite son corps à s’allonger et je pose des cuillerées sur sa peau. Rapidement je m’empresse de lécher son corps pour ne pas laisser se répandre trop de crème. Puis je capture le reste des aliments. Vorace j’ai l’impression de dévorer le plat et l’assiette humaine en dessous.
Je mange un cou, un creux d’aisselle, j’embrasse un torse, je lèche un ventre. Je saisit des petits légumes en équilibre sur une verge, je caresse de ma langue un scrotum dissimulé sous des grains de riz.
Ael n’est pas un homme. Ael est une personne. Ael pense que les questions de genre sont obsolètes.
Elle est une femme. Je l’aime. Je crois même que sa féminité est le terreau de ma grande affection pour elle. J’aime la douceur de sa peau, l’odeur de ses cheveux, la finesse de ses lèvres, et j’aime glisser mes doigts dans son corps.
J’aime les verges aussi. Et tant mieux elle en a une. La femme que j’aime a une verge, ça arrive.
La féminité ne tient pas à la forme du sexe, c’est autre chose. Je ne sais pas quoi d’ailleurs. Ça dépend des femmes, ça dépend des personnes.
Et si la féminité c’était la pénétrabilité? Ma femme l’est, et son plaisir est magnifique. Peu m’importe qu’il vienne de sa prostate plutôt que d’un clitoris. Moi ce que j’aime c’est la voir jouir.
Elle ne jouit pas de son sexe, mais je le respecte, je le caresse, je l’embrasse et le cajole. J’aimerai qu’elle se réconcilie avec. Parce que je voudrais qu’elle soit heureuse. Je l’aime elle, son sexe, son corps, sa personne.
Je peux aimer des hommes, des femmes, cis ou trans, des personnes agenres…
Selon certaines asso de l’INTER LGBT, notamment Bi’Cause, la bisexualité est définie comme l’orientation sexuelle qui correspond au fait d’être possiblement attiré.e par des personnes de différents genres. La pansexualité comme d’être possiblement attiré.e par des personnes sans considération pour leur genre.
Ma biscotte non binaire, ma femme au sexe pointu ont dérangé mes représentations de genres. AvecAel j’ai tendance à me dire peu importe leur genre, chaque corps est une construction de chairs animée d’émotions et de sentiments… il y a toutes formes de corps. Et chacun mérite d’être exploré pour en trouver les sensibilités, les points de vibrations, les espaces de plaisirs.
Je connais des têtons masculins plus sensibles que des têtons féminins, je rencontre des prostates de femme plus erogeènes que leurs homologues masculines, je découvre des sexe aux formes et aux réactions très différentes les uns des autres…
Le corps n’a pas de genre… Pansexualité
Mais j’aime la féminité, j’aime la masculinité. J’aime dominer sexuellement mes partenaires ou me soumettre à eux. Me battre avec les hommes pour me sentir forte, céder, perdre, me soumettre avec fantaisie, en gardant le contrôle. J’aime jouer avec les femmes des luttes sensuelles et quand je gagne, quand je prend le dessus, je fais le «sale type».
J’aime chausser un gode ceinture, déambuler pénis en avant d’un air de dire «qui est le patron», et saisir ma chérie par les cheveux et lui dire des obscénités… très patriarcales.
La domination de l’homme sur la femme. Je l’ai intériorisée malgré moi. Je joue avec l’idée, je joue le fantasme à fond. Ou encore je retourne le jeu, j’inverse les rôles, je casse les codes….
Le genre est psychologique, sociétal. Bisexualité.
Et mon genre à moi. Je suis assignée femme. Je me sens bien femme, je suis femme cis. Qu’est ce que c’est pour moi qu’aimer être femme. C’est aimer ma vulve? Mon clitoris? Oh oui, j’aime mon corps, mais c’est mon sexe feminin, pas mon genre.
Ou peut-être que j’aime avoir un corps assigné femme correspondant à plusieurs critères esthétiques du genre: la peau douce, les cheveux long, la taille fine, les tétons pointus. et jouir du pouvoir de séduction qu’ils m’octroient.
Mais ces mêmes attributs physiques me restreignent aussi. Si je suis jolie, ai-je le droit d’être intelligente? Ou drôle? Ma silhouette de brindille me contraint-elle à la fragilité? Je n’ai pas toujours envie d’être protégée, ni d’être envisagée comme objet de désir, un objet qu’on prend.
Depuis que je songe à cela je sens que mes attitudes changent, ma gestuelle évolue. Je croise beaucoup moins les jambes, j’aime me tenir confortablement assise, le pubis libéré, je m’épile moins, j’ondule moins en marchant ou seulement quand moi j’en ai envie. Je n’attribue plus mes éventuelles maladresses avec la voiture ou la technologie à ma féminité. J’essaie de ne plus véhiculer de propos genrés. Les filles n’ont pas à être plus jolie que les garçons. Un enfant, s’il est turbulent, ne l’est pas nécessairement du fait de son genre…
Mon regard et mes propos évoluent, je me détache de certains poncifs, j’affirme certaines valeurs… Et parfois je vois que ça dérange.
Je me libère, et j’y prends plaisir, je continue d’être une originale. Et j’aime ça être une fille, particulière et pas trop mal dans mon genre…
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Merci pour vos textes si bien écrits et si liberateurs ! Je commence à peine à accepter de jouer avec les codes du patriarcat si ancrés en moi. J’avais trop peur jusqu’à présent qu’ils gagnent si je les faisais miens ! Et puis je me suis dit que si je freinais mon désir, mon plaisir par opposition, ils gagnaient encore !
Merci.
Oui je crois que jouer c’est se libérer, c’est être créatif.ve et donc vivant.e! Vivons!