J’écris sur le fisting, le shibari, les fantasmes de viol… Demain soir j’irai m’assoir sur la bouche d’un homme que j’aurais attaché à son lit, puis il m’encordera et me fera jouir jusqu’à ce que je le supplie d’arrêter…
J’aime quand c’est fort. Quand c’est intense, c’est clair, c’est sûr. Je le sens mieux. Je suis souvent directe. Je sais ce que j’aime. Je sais ce que je veux.
Pourtant, il y a quelques jours… C’était différent. J’ai goûté de la douceur, de l’incertitude. Et c’était bon. C’était même nouveau. J’ai l’impression de réinventer la poudre à mes yeux. De redécouvrir l’eau chaude.
C’est un danseur. J’ai aimé danser avec lui. La chaleur de ses bras quand il m’a porté sur son cœur. La joie dans son sourire et la tendresse dans son regard.
Je lui demande si après l’atelier, nous pouvons parler un peu. Il est curieux. Il dit oui. Il m’invite chez lui. Il me plaît. C’est plus qu’un élan du corps. C’est un élan du cœur.
Je ne séduis plus. Je parle, je dis qui je suis. Je suis sincère. Je dis ce que j’ai à offrir. Mes limites. Lui aussi sait être sincère. Même dans son doute et sa vulnérabilité.
C’est un homme blessé. Il ne sait plus s’il veut à nouveau s’ouvrir. Il a besoin de se protéger. Il va peut-être partir. Derrière lui, certains cartons sont déjà faits.
Je ne crois pas au hasard. Si je suis ici c’est que nous avons quelque chose à échanger. Je connais cette sensation. Il me plaît vraiment, et ce n’est pas pour rien.
Je lui dis que j’aimerais à nouveau me sentir dans ses bras. Comme quand nous avons dansé. Lui aussi. Je me place contre lui. Il est grand, j’ai la joue posée sur son cœur.
Il me dit qu’il serait curieux de s’allonger près de moi. Je dis oui.
Nous sommes comme timides. Avec ce que je lui ai raconté, j’ai de quoi être intimidante. Avec ce qu’il m’a raconté, je veux prendre soin. Nos corps se posent sur son lit. Je me blottis. Sa main caresse mes vêtements. Je le laisse. J’accueille. C’est agréable.
Je respire son odeur. Touche ses cheveux. Je sens la chaleur de ses muscles. Nous rions. Nous sommes comme deux collégiens. J’aime ça.
Je ne veux pas être brusque, je sais que je peux être brutale. Je le laisse me dire ce qu’il sent, ce qu’il aurait envie.
Il est curieux, de ses propres réactions. Un peu ému je crois. Il s’essaie. Nous nous rencontrions. C’est délicat, c’est fragile. Je me fais douce. Je suis à l’écoute. Je sens mon désir chauffer dans mon corps. Et j’accueille avec la même gratitude cette sensation dans mon corps et la confiance qu’il m’accorde.
Il fait l’expérience de me toucher. Je suis touchée. Je fais l’expérience de l’accueillir. De recevoir. Pour respecter son rythme. Et je me découvre un nouveau tempo. Il propose de me déshabiller lentement.
Je réalise que cela ne m’arrive jamais. Je me mets à nu si rapidement habituellement. Je fonce, me précipite. J’aime ça, j’aime surprendre, être osée.
Là, c’est différent. Il prend le temps. Celui de l’hésitation. De sentir pour lui, pour moi, pour le couple que nous formons à l’instant.
Cela m’émeut. J’ai l’impression que ma peau est encore plus nue ainsi découverte avec soin, qu’elle est encore plus fine ainsi dévêtue avec délicatesse.
Il m’observe. Il me respire. Je perçois son souffle. Sa respiration est calme. C’est un beau moment. C’est si simple et en même temps si vrai.
Je suis complètement nue. Ses mains caressent mes cuisses, mon ventre, mes bras. Il dit que ma peau est douce.
Je veux sentir la sienne. J’ôte son tee-shirt. Découvre son grain de peau, sa pilosité légère. Ses grands de beauté. Je laisse nos poitrines d’effleurer.
Les lèvres glissent sur sa barbe. J’ai envie de l’embrasser. Je lui dis. Il me dit que les baisers peuvent être plus intimes que la nudité. Oui. C’est juste.
Il est d’accord.
Nous nous embrassons.
Nous nous sourions.
Nous nous remercions pour cet instant.
Il me plaît vraiment. Il est sur le point de partir, nous n’avons probablement pas d’avenir.
Mais nous nous sommes offerts cette expérience de sincérité, de douceur, de lenteur, de curiosité. Nous nous sommes offerts de la confiance.
Je rentre chez moi. Heureuse de cet instant. Et le cœur un peu triste aussi.
Il a touché mon corps, ému mon cœur. Et peut-être que je ne le reverrai plus.
C’était à la fois peu, et à la fois intense. J’ai goûté à la connexion lente, prudente, en douceur. Pour le respecter. Et je crois que j’y ai aussi trouvé un espace, pour me respecter moi.
J’éprouve de la gratitude, envers lui et la confiance qu’il m’a accordée, moi la petite brute, la “fonceuse” comme il a dit. Et de la gratitude pour moi-même, de m’être autorisée l’expérience de la lenteur, de l’écoute sans attente. Peut-être nettoyée du désir qui me pousse à aller vite, à me hisser dans l’après, j’ai pu goûter l’instant présent. Le là, maintenant. Sans beaucoup plus. Et c’était déjà tellement.
Je ne l’oublierai pas.
Illustration de l’article : Gabrielle Fauvet
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