Le terme Switch, en BDSM, désigne les personnes qui peuvent alterner, selon les partenaires ou même avec le/la même, les postures “top” ou les postures “sub”, dominantes ou soumise.
Je suis Switch… Parfois, j’ajoute : je n’ai pas les moyens de me passer de la moitié des plaisirs…
J’ai eu envie de vous raconter mon parcours sous cet angle et aussi de proposer pour différentes pratiques sexuelles une ouverture de champs sur la manière dont elles peuvent être pratiquées… Peut-on faire une fellation en étant dominante ? Peut-on pénétrer en restant soumise ? Je vous laisserai faire votre opinion…
Comment j’ai découvert les jeux BDSM
J’ai été initiée aux postures BDSM pour un homme rencontré virtuellement pendant le confinement. J’étais en plein désir de développer mes perspectives sexuelles, il semblait savoir mille choses que j’ignorais. Il est devenu mon professeur.
J’avais envie d’apprendre : principalement à me masturber, car je ne faisais jamais et n’en éprouvait à l’époque pas de plaisir. Et parce que ça l’excitait, je voulais tout entendre de son plaisir à lui, de ce qu’il aime donner et recevoir. Fascinée par ses connaissances et par le monde du libertinage qui me paraissait alors un univers secret et interdit, je me suis mise dans cette posture réceptive : je me suis soumise.
Ce n’était pas une relation BDSM protocolaire, pas de contrats, ni de colliers… Mais nous en utilisions certains codes parce que cela nous convenait.
Il avait une forme de pouvoir et d’emprise sur moi, qu’il n’a pas pris. Mais c’est bien moi qui lui ai donné. Parce que j’en avais le désir : je voulais qu’il s’occupe de moi, de m’éduquer au plaisir et pour cela, j’avais envie de lui obéir.
Je transmets ainsi une notion fondamentale des rapports hiérarchisés : le pouvoir n’est pas pris par la personne dominante, il est donné par la personne soumise.
C’est une des périodes les plus excitantes de ma vie. Sur le plan sexuel, la plus excitante, oui. D’autant plus que je suis tombée amoureuse de cet homme.
Il prenait un plaisir palpable à me pousser à développer des pratiques, à repousser mes limites de pudeur, de honte de mon corps. Par exemple, avant, j’avais honte de mes sécrétions vulvaires, maintenant, je les goûte pour savoir comment va mon microbiote ! Il prenait et prend un plaisir palpable à me voir développer ma capacité orgasmique.
J’étais son élève, une posture soumise. Il était mon professeur, une posture dominante. Toutefois, lui-même est Switch. Je savais qu’en parallèle de notre relation, il avait une maîtresse qui le dominait notamment par l’hypnose. Et il me racontait combien il aimait se sentir possédé par elle, être obsédé par son excitation et lâcher prise dans le plaisir dont elle maitrisait la délivrance.
Je comprenais bien cela, je vivais la même chose avec Lui !
Ma découverte de la beauté du switch
Et petit à petit, lors de nos rencontres, j’observais comment par une fellation, un massage prostatique… il accédait, sous mes yeux, à ce lâcher prise, devenant ivre de plaisir, me donnant tout pouvoir sur sa jouissance. Et j’adorais cela. Sans nous le dire, naturellement nous switchions: il me disait “Eulalie ce que vous me faites me rend fou!” (Nous nous vouvoyons mutuellement) Et je lui répondais “C’est bien, continuez ainsi, offrez-moi votre plaisir. Je m’occupe de vous…”
Plus notre relation s’installait, plus nos postures s’affirmaient dans un sens comme dans l’autre. En IRL comme en virtuel. Plus je me soumettais aveuglément à ces propositions (toujours très respectueuses de mes limites, mon consentement et la sécurité.) de me masturber plusieurs fois dans ma journée en récitant son prénom… Et plus, par ailleurs, je prenais le dessus sur lui en lui proposant de longues journées d’edging puis de masturbations guidées, selfies érotiques à l’appui. J’étais démoniaque ! Il adorait ça !
Un jour, j’ai même eu cette idée saugrenue qu’il avait employé la soumission à mon égard pour me former à être sa maîtresse idéale… Si c’est le cas, cet homme est un génie. C’est mon génie du sexe !
Par la suite, l’élève égalisant le maître, j’ai cessé d’être son élève pour devenir sa muse. Lui reste mon professeur, car ses connaissances et sa soif d’exploration lui confèrent à mes yeux toute sa docte magnificence. (Oui, je le suce un peu par ces mots, ça me fait plaisir de le sucer…)
Et c’est ainsi que j’ai développé ma capacité à switcher.
Aujourd’hui c’est dans la soumission que je prends le plus plaisir : la soumission, c’est pour moi lâcher prise, être manipulée, soignée pour ressentir les choses intensément.
Mais j’aime beaucoup prendre une posture dominante quand je sens mon partenaire être dans cet état d’esprit. Sentir le pouvoir reçu et la reconnaissance de l’autre qui se confie et offre à voir son lâcher prise et sa jouissance est une sublime expérience. Pour moi, dominer, c’est prendre soin de l’autre, prendre de la responsabilité vis-à-vis de sa satisfaction sexuelle.
Dans cette posture, je considère le plaisir de l’autre comme le résultat de ma puissance à le satisfaire et donc son plaisir est le mien.
Avec différents partenaires, je me soumets volontiers si je sens la puissance de l’autre. Et je domine quand le désir est fort et que l’autre se prête au jeu. J’ai eu des partenaires qui voulaient se soumettre, mais qui n’arrivaient pas à obéir, à lâcher… Alors en riant, nous switchions à nouveau ou nous en revenions à une dynamique plus égalitaire, plus “normale”.
Déconstruisons les rapports de domination
Aujourd’hui, j’écris ce texte, outre pour le plaisir de me remémorer ces doux instants, mais aussi pour témoigner de la déconstruction qui s’est opérée en moi. Avant, j’avais une association pénétré = actif = mâle = dominant, qui s’opposait à être pénétré = passif = femelle = soumis.
J’ai rapidement déconstruit le rapport être pénétré = femelle / pénétrer = mâle. Offrir du plaisir anal et prostatique à des hommes m’a montré combien, toute femme que je suis, je pouvais prendre plaisir à pénétrer des hommes et des femmes. J’ai découvert que des hommes tout à fait virils et épanouis dans leur masculinité pouvaient jouir d’être pénétré.
Mais dans un deuxième temps, je me suis aussi amusée à déconstruire le rapport actif = dominant et actif = pénétrer.
Voici des illustrations qui, je l’espère, vous ouvrirons des perspectives fantasmagoriques et peut-être même vous libérerons de schémas réducteurs.
La fellation
En tant que soumise : je reçois le pénis de la personne qui me domine, je suis pénétrée oralement plus ou moins activement. Je peux être baisée de la bouche (passive) ou bien donner avec dévotion une caresse docile et appliquée avec la bouche (active). Le sperme émis est un cadeau, une marque d’appropriation.
En tant que dominante : je prends le pénis de ma personne soumise entre mes lèvres et je le suce à ma convenance personnelle, pour mon plaisir. Si elle ressent du plaisir, c’est uniquement parce que JE le décide et l’autorise et ce plaisir comme l’éjaculat me sont offerts en hommage à ma puissance ! (Active évidemment)
Le Cunnilingus
Même principe, mais la pénétration est absente ou inversée (parce que oui, un cunnilingus, c’est sympa avec les doigts dedans si c’est consenti et désiré !).
En tant que soumise : j’offre ma bouche aux désirs de caresses buccales de la personne à qui je me soumets. Elle est libre de se frotter sur mon visage, de me tenir les cheveux pour cela. (Je suis passive) ou bien, elle peut m’ordonner d’aller vite ou doucement, m’indiquer les gestes qu’elle désire et j’obéirai. (Je suis active).
En tant que dominante : cette vulve m’est offerte, j’en fais ce que je veux, en étant douce ou goulue, en offrant des orgasmes ou en les maîtrisant, en buvant sa cyprine ou en la recrachant au visage ou encore en lui rendant dans un baiser…
Le coït penovaginal
En tant que soumise, je me fais prendre, baiser. Ma vulve est offerte à être limée, remplie. Je suis soit manipulée pour être placée comme le/la dom l’entends (passive) soit je dois m’activer, m’agiter pour produire le massage de la verge désiré. (Active) Dans n’importe quelle position, cela est valable.
En tant que dominante : je vais ordonner comment la personne que je circlue doit s’installer, bouger en moi pour me donner le plaisir que je veux avec la puissance et le rythme que, moi, je décide. (Je suis passive). Ou alors, je bouge moi-même comme je l’entends sur la verge qui m’est donnée. (Je suis active.)
Le rapport au sperme émis est le même : cadeau, hommage, marquage d’appropriation selon la posture désirée.
La sodomie
Même principe que le coït, même si pour moi, être prise par l’anus me renvoie à une imagerie très soumise, car je trouve cette pratique assez humiliante et que j’adore cette émotion bien cadrée et avec des personnes de confiance.
Mais cela est tout à fait imaginable dans l’autre sens : je pourrais tout aussi bien un jour “contraindre” un soumis à me pénétrer par l’anus selon mon désir. Et être soit immobile et me faire satisfaire selon mon souhait ou bien me mobiliser moi-même le long de sa queue.
Le massage du sexe
Le massage du sexe donné (je suis active). Pénis ou vulve, c’est équivalent. Et avec ou sans pénétration anale et/ou vaginale, le principe reste aussi le même.
En tant que soumise, j’applique une gestuelle pour satisfaire la personne qui me domine.
En tant que dominante, j’exerce mon art sur le corps qui m’est confié.
Masturbation reçue (je suis passive)
En tant que soumise je suis masturbée par ma/mon Dom qui me fera prendre plaisir, voire jouir selon son désir.
En tant que dominante : je réclame des caresses selon mon souhait, j’exige que l’on se dévoue pour ma jouissance.
Massage anal et prostatique (je suis active)
Soumise, je remercie l’immense preuve de confiance qui m’est donnée d’être autorisé à toucher la profondeur de la personne qui me domine.
Dominante, je remercie la docilité de la personne soumise qui confie son corps, je saurai la récompenser de sa confiance en lui donnant tout le plaisir qu’elle est capable de recevoir…
Le Switch, une libération
Huuuum… Tant de perspectives réjouissantes… J’espère que vous êtes aussi émoustillé.e que moi à l’évocation de toute cette diversité de pratiques !
Si oui, vous êtes ou devenez Switch. Sinon, vous ne l’êtes peut-être pas autant que moi, mais si un de vos sourcils s’est haussé de curiosité à un endroit inhabituel, je serai déjà satisfaite.
En écrivant, en témoignant ici, je n’ai qu’un désir, une prétention, celui d’inviter à l’ouverture des possibles… À développer les imaginaires, libérer les corps et les esprits…
Je me suis libérée. Cela me rend heureuse. Merci à mon professeur, mon initiateur encore, et à toutes et tous celles qui partagent des bouts de chemins avec moi. Pour le meilleur et le plaisir… J’aime. Merci de m’avoir lue.
Image principale d’illustration de l’article par Stuart F Taylor
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Mille mercis à vous d’avoir lu ce paragraphe.
Je pratique le BDSM principalement en tant que soumis mais j’aime aussi de temps à autre dominer à mon tour. Et je ne suis pas fan des règles absolues et des codes strictes. Donc pas de souci pour passer d’un rôle à l’autre même en cours de séance