La notion de consentement a rénové ma sexualité. Il m’a permis de mieux percevoir mes limites, inviter mes partenaires à exprimer les leurs. Pour plus de respect, d’écoute et donc de plaisir partagé. Mais j’ai souvent trouvé le concept insuffisant.
J’ai par ailleurs régulièrement entendu des personnes (exclusivement des hommes cis, je vous laisserai juger de la coïncidence) me dire qu’ils doutaient de ce concept, le trouvaient piégeux. J’ai alors fréquemment balayé la question, me disant que la notion devait menacer leur position de force, et ne voulant pas m’y confronter.
Ne veux-tu pas plutôt baiser des gens qui le désirent ?
Mais il y a peu, un homme m’a tenu des propos qui ont retenu mon attention. Il me demandait si je voulais baiser des gens qui consentent… Si je voulais être baisée en consentant… Et me suggérait… Ne désires-tu pas plutôt baiser des gens qui le désirent, être baisée en le désirant ?
Je commençais à mieux percevoir les doutes, le piège, l’insuffisance que je percevais du concept. Comme si le consentement pouvait être perçu comme une forme passive : accepter. Alors que désirer serait une forme active.
Nous lisons plus fréquemment des histoires dans lesquelles le consentement des femmes est outrepassé. Le concept de consentement ne continuerait-il pas malgré lui à faire perdurer un schéma ou les uns proposent et les autres acceptent ou refusent, de manière orientée, et peut-être majoritairement de l’homme vers la femme.
En tant que personne ayant reçu une éducation de petite fille, n’ai-je pas plus de facilité à entendre et à accepter, à faire plaisir, plutôt que d’oser, d’entreprendre ? La petite fille devenue adulte veut-elle avoir la parole pour dire oui ou non ou d’avantage dire “je veux’ ?
C’est pour cela que j’ai toujours enrichi ma perception du concept de consentement, de processus actifs, “enpowerant”. Le consentement pour moi, ou plutôt l’éducation au consentement, ne peut pas se contenter d’être celui du choix ou de son expression.
S’éduquer où se rééduquer au consentement, est pour moi un processus qui consiste à acquérir plusieurs aptitudes :
- Savoir percevoir ses envies, ses désirs
- Savoir les exprimer sans pression
- Savoir entendre les désirs d’autrui sans juger
- Savoir sentir leurs échos en soi, est-ce que ça résonne dans le sens d’un désir commun ou non.
- Savoir l’exprimer de manière bienveillante
- Savoir entendre le refus quand il se présente
- Savoir rebondir après un refus…
Des aptitudes qui relèvent de l’écoute de soi et bien de l’engagement actif.
Le concept du Fuck Yes pour le consentement !
Le Fuck Yes! est un concept anglo-saxon, qui propose l’idée suivante : si je ne suis pas totalement emballée, pourquoi m’engager dans l’acte ? si je ne suis pas enthousiaste au point d’être actif “oh yes let’s go” pourquoi m’investir ? donc, finalement, ne baiser qu’entre gens qui le veulent avec volonté.
Si le concept est séduisant, il me heurte en ce qu’il dérange ma perception de désirs troublés, ambivalents et nuancés. Parfois, j’ai consenti à des caresses pour prendre la réassurance, avant de vouloir activement désirer.
Si j’avais dû refuser au prétexte de n’être pas tout à fait et immédiatement conquise, aurais-je pu vivre certaines opportunités. Aurais-je pu vivre certaines de mes belles histoires actuelles si mon désir ambivalent avait été clôturé par un principe du “Fuck Yes!” ? Si tu n’es pas parfaitement ok, je vais chercher à consommer ailleurs.
Le Fuck Yes! est-il le consumérisme du désir ?
Le Fuck Yes! est-il le consumérisme du désir ? Ou au contraire, à force de frustration, d’opportunités insaisies, mes désirs s’en seraient-ils relevés plus fort, plus fermes ?
Alors autant le Fuck Yes! me semble une position un peu trop extrême pour me convenir, notamment en considérant le fait que les humains sont des êtres nuancés, autant le consentement me semble insuffisant s’il ne prend pas en compte le fait de pouvoir désirer activement.
Si la question du consentement m’a aidée à me développer, mon cheminement se poursuit avec la question du désir.
Je ne préfère pas baiser des gens qui seulement y consentent, je préfère désirer avec eux, vibrer et résonner… Même si parfois l’enthousiasme prend du temps à se développer… Mais je suis créative pour cela… Je me fais confiance…
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Mille mercis à vous d’avoir lu ce paragraphe.
Très pertinente réflexion!
J’avoue m’être laissé pénétrer fréquemment sans être très sûr de le vouloir. Ce que je voulais était du sexe et de l’intimité, et mon partenaire avait très envie de pénétrer. Avec un préservatif, et du lubrifiant!- après tout, on ne risque pas grand chose…?
J’ai plus souvent voulu arrêter la machine en marche. C’est plus délicat à demander et obtenir…
Et parfois j’ai eu des remords.
Parfois aussi, j’étais bien content.
Mais bon, c’était volage, pas forcément fabuleux.
Moi j’aimerais qu’on puisse baiser comme on va aux toilettes.parfois, c’est tellement bon, souvent, ça fait du bien; et parfois, c’est nul, voire pénible…
De toutes façons, c’est toujours à recommencer…