Tous les enfants se masturbent. C’est naturel. C’est le travail de développement de l’enfant que d’explorer son corps et l’environnement. Et quand à un âge plus ou moins précoce la main rencontre le sexe, les deux s’entendent par évidence, que ce soit pour une masturbation féminine ou masculine.
Le pénis est plus facile à trouver que le clitoris, et les petits garçons qui se touchent rencontrent peut-être moins de regards choqués que les petites filles. Mais garçons comme filles trouvent en général comment se frotter de manière plus ou moins satisfaisante et plus ou moins discrète.
La norme sociale
Petite, je me suis certainement touchée. Comme la plus grande partie de mes contemporains, je n’en ai pas gardé de souvenirs. Refoulement disent les psy. Je me souviens toutefois d’avoir 4 ou 5 ans et d’être lascivement allongée sur le canapé, et pendant que mon esprit se distrayait de la télévision, ma main distrayait ma vulve. Ma mère passe devant l’écran et m’assene combien le geste est vilain.
Par honte et culpabilité, je me suis très peu exploré le sexe par la suite. Et même adolescente, à part quelques frottements à la couture de mon pantalon ou quelques caresses sous la douche, j’ai peu recherché.
Je me suis déflorée un soir d’excitation avec un flacon de shampoing, mais après cela, j’ai rapidement cherché des partenaires sexuels, consacrant quasi-exclusivement alors ma sexualité aux coïts hétérosexuels.
J’ai longtemps été satisfaite si bien que je n’ai pas cherché plus. Ni la connaissance de mon anatomie, ni la curiosité pour les objets développés pour, et encore moins l’autonomie possible en matière de plaisir sexuel.
J’étais dépendante, ignorante. Et peut être même représentative de la norme, c’est triste.
La pulsion de vie
Il y a deux ans, le monde commençais à frémir d’angoisse. La menace de l’épidémie d’un virus encore inconnu s’insinuait dans les esprits. Les angoisses de morts commençaient à suinter sur les visages encore démasqué que je croisais partout, dans la rue, dans les transports. Et j’y suis sensible. Cela a eu pour effet de susciter en moi de fortes pulsions de vie, un besoin irrépressible de trouver une ressource, une énergie vitale qui me sauverai. Mon choix s’est porté sur le plaisir sexuel. J’ai souvent de bonnes idées … 😋
J’ai fait des recherches sur internet et je suis tombée par hasard sur des écrits évoquant le plaisir prostatique. Je n’ai pas de prostate moi même, mais ces écrits déroulaient le cheminement de dizaines de personnes qui ont su prendre le temps et le recul pour réenvisager leur manière de se toucher. Qui s’interrogent et évoluent dans leur masturbation afin de connaître au mieux leur corps et révéler leur potentiel orgastique.
Le traité d’Aneros, rédigé et mis en ligne gratuitement ici sur ce même site est une référence pour les néophytes du plaisir prostatique. Les forums qui en découlent de même que le serveur de chat Discord sur tous les aspects de la sexualité sont un espace rare d’expression dans lesquels on retrouve tout simplement le caractère sain, naturel et ludique de la masturbation.
J’y ai écrit un jour que j’aimerais pouvoir un jour y écrire aussi sereinement mon cheminement masturbatoire, clitoridien en l’occurrence.(Hey, c’est enfin ce que je fais 😃 !)
La rencontre
Cette phrase et d’autres interrogations à propos de la non exclusivité sexuelle et amoureuse dont j’explorais les possibles ont suscité l’intérêt d’un homme. Il m’a écrit.
C’était le confinement, puis la suite de celui-ci. Mon corps, et sans doute mon esprit, ont été entravés par ces événements, mais aussi par mes maternités douloureuses avant celà et par mon éducation encore antérieurement.
Cet homme a l’esprit libre. Il a l’audace d’assumer ses désirs, de les vivre. Il le fait avec l’éthique du polylibertinage transparent. Il est marié, sa femme sait.
Il aime les femmes, il aime le corps féminin, il aime les vulves, il chérit les orgasmes clitoridiens.
Je lui ai parlé de moi, de mes aspirations à prendre plaisir par la masturbation. Il est devenu mon professeur.
J’avais une sexualité tournée vers le désir de l’autre. Quelque part, je ne m’autorisais à prendre plaisir que parce que cela pouvait aussi satisfaire mon partenaire. Il a compris cela et l’a exploité pour m’accompagner.
Je me suis soumise à son enseignement, à lui. Je l’ai laissé prendre l’emprise sur ma masturbation. Il m’a dit quoi faire, comment faire, quand, et de lui en envoyer les récits et souvent des photos aussi.
Il sait que j’aime m’exhiber. J’aime l’exciter.
Alors pendant de long mois j’ai été consensuellement obsédée par les messages de suggestions, de défis, de consignes que mon maître m’envoyais.
Je trouvais mon sexe laid. Il m’a demandé des photos de lui, des vidéos ou je le touchais. Il m’a dit de le faire toutes les heures et de le lui prouver. Il faisait attention à ce que ça ne nuise pas à ma vie professionnelle ou personnelle. Il m’aidait à veiller sur ces limite là, mais toutes les autres: la pudeur, la timidité, la honte il a joué à les repousser.
Je trouvais ma cyprine repoussante il me réclamait des photos où je lui montrait ma filance et il me disait comme il aimerait lécher mes doigts. Il m’a demandé de la goûter, d’en décrire le goût.
Je faisais tout, pour lui plaire j’étais prête à tout. Si je devais me branler pour l’exciter, le faire bander, je le faisais. Je rosissais de bonheur à l’idée de le satisfaire d’être sa bonne élève. Il me disait que j’étais douée, que je progressais vite.
Mais je ne jouissais pas encore. Je prenais peu de plaisir en soi.
Ma transformation
Quand je l’ai vu la première fois, notre rencontre fut merveilleuse, profonde de longs mois d’excitation et de désir.
Il m’a donné une bonne leçon, m’a attachée au lit et m’a fait découvrir les sex toys.
C’était ma première fois vécu lui, mon premier rendez-vous à l’hôtel vécu un homme et mon premier contact avec des sextoys.
Il m’a bandé les yeux, attachée les bras et les cuisses écartés, a inséré un plug en acier dans mon rectum et m’a masturbée avec un gode en verre et une wand vibrante.
J’ai jouis. 10 fois, 20 fois, 30 ou plus. Je me souviens d’avoir compté, puis ne plus avoir pu tellement mon esprit était loin, tellement mon corps était extatique, mon cœur tonitruant. Je n’avais qu’un mot à la bouche: “encore”.
Je savais déjà que j’étais multiorgasmique, capable d’orgasmes clitoridiens externes, clitoridiens internes et je venais de découvrir avec un autre amant que mon col utérin était sensible.
Mais un tel flot d’extases, se juxtaposant, s’additionnant dans le lâcher prise, je n’avais pas idée.
Il me demandait s’il devait continuer… je lui demandais “encore”. Je n’ai pas de période réfractaire clitoridienne, de sensations de gêne voir de douleur suite à un orgasmes externe. Ou si j’ai une sensibilité particulière, j’aime qu’il soit stimulé à nouveau. La seule chose qui m’a fait arrêter c’est la sensation de mon coeur, ses battements qui m’ont fait peur.
Il m’a debandé les yeux. Détachée. Il a pris dans ses bras et câliné mon corps épuisé et ivre de bonheur. Je lui ai presque pleuré un merci. Il m’a dit que j’étais peu commune. J’ai senti qu’il était passionné. Que ces instants seraient uniques.
Il m’a offert le gode en verre. Un amant m’a offert un petit vibro. Ils sont mes deux jouets préférés. Ils me rappellent ces hommes que j’aime.
L’épanouissement et la masturbation féminine
Régulièrement je me suis ensuite masturbée. D’abord dans le but de plaire à mon maître. Puis petit à petit parce que j’y trouvais mon intérêt à moi.
Maintenant je prends plaisir à prendre mes jouets et à m’offrir du temps de plaisir, pour moi seule. Comme un cadeau.
Je crois que petit à petit je prends confiance en moi. Et puis grâce au fait de me sentir aimée par plusieurs personnes, je crois que je m’aime un peu plus. Je suis moins dépendante de leur désir, je suis plus active, je suis plus autonome dans mon plaisir.
Je prenais beaucoup plaisir dans le fait d’être objet de plaisir, je suis maintenant d’avantage sujet et actrice de mon désir.
Dans ma tête, je ne suis pas complétement seule. J’entends les mots de mes aimés. J’en construit d’autres avec leur voix. “Je t’autorise à jouir maintenant” “oui tu aimes ça, hein.”
Et parfois aussi des paroles un peu salées “prend ça, salope, tu n’es bonne qu’à ça.” Ça m’interroge, je me demande d’où viennent ces mots et si c’est ok si je me parles comme ça. Mon maître me dit: “peu importe la honte et le jugement. Si vous éprouvez du plaisir, c’est bon.”
J’imagine que cela va évoluer.
Du reste ce sont toujours des moments un peu volés dans ma vie de femme et mère très active.
Un jour j’aimerais m’autoriser à passer la soirée avec moi seule, sans me cacher, sans avoir l’impression de voler quelque-chose à quelqun. Un jour j’aimerais me donner du plaisir seulement avec mes doigts, comme si ça serait mieux, plus naturel, plus digne aussi peut-être, je ne sais pas.
Je vais continuer d’explorer la masturbation féminine, le chemin est réjouissant, j’en profite bien!
Photos d’illustration de Dainis Graveris (SexualAlpha)
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