Je ne vais pas vraiment vous narrer un conte de Noël. Il serait un peu trop triste. Mais Noël, c’est la fin d’un cycle, celui des nuits longues. C’est la célébration lors des nuits des plus noires de l’espoir envers la lumière qui reviendra. C’est chauffer les cœurs quand l’hiver se fait froid. C’est mettre de la joie quand les gens sont des plus moroses.
En ce sens, c’est un peu une histoire de Noël.
Le Burnout…
Je ne l’avais jamais écrit ici, mais je suis soignante, dans le médico-social, je reçois des enfants souffrants de handicap, de souffrances psychiques et/ou sociales. Des enfants victimes de violences, parfois des enfants auteurs. Je reçois leurs parents, eux-mêmes victimes, parfois auteurs et parfois les deux. C’est un métier difficile. Presque impossible.
Et les conditions sont de plus en plus horribles et révoltantes. De plus en plus de demande, de moins en moins de moyens, de pressions systémiques aussi. L’école souffre, la société souffre, et pourtant la folie du système nous pousse à justifier nos efforts, comptabiliser nos résultats. Mais malgré ce qu’on peut nous faire croire, la vie d’un enfant ne se mesure pas, pas plus qu’elle ne se maîtrise. La vie doit advenir, nous sommes là pour accompagner, protéger la pétillance, pas l’orienter dans le sens que des autorités voudraient.
Je déteste les cases dans lesquelles on m’oblige de les mettre, les protocoles qu’on voudrait me faire suivre… Un enfant ne se rééduque pas, si la rééducation, c’est le conformer à des attentes. Un enfant s’élève, il grandit dans sa puissance qui est sienne.
J’ai craqué. Burn out dit-on.
Révolte spirituelle, moi, je dis. Perte de sens, de goût. Démoralisation qui touche ma vitalité, et atteint ma famille. Insupportable.
J’ai du mal à me lever. J’ai du mal à avoir envie de continuer de vivre. À croire que je pourrais un jour à nouveau sourire.
Je ne crois plus au système, à l’univers.
Je ne sens plus quel rôle j’ai à y jouer.
Heureusement, j’ai un bon psy. Je lui parle de moi, d’Eulalie aussi. Mon avatar, ma double identité. La femme libre, heureuse, épanouie en moi. Rebelle aussi et créative. C’est la même chose.
Il me dit que si je mettais autant d’audace dans les différents domaines de ma vie que dans ma sexualité, je pourrais être épanouie.
Oui, c’est vrai, j’ai une sexualité épanouie. Curieuse, diverse, jouissive. Parfois extrême, parfois ludique, parfois douce et pleine d’amour. Mais en étant sortie des normes, du chemin le plus droit.
Depuis quatre ans que j’ai laissé advenir cette part de ma vie, elle est plus riche. Trop pleine aussi. Je suis débordée. Je n’ai plus de place pour vivre mes deux vies avec mon seul corps, avec ses 24 putains d’heures par jour.
Il y a quatre ans, je ne dormais plus, quatre heures par nuit. On me demandait comment je faisais, je n’en savais rien. Mais j’avais l’impression d’avoir été ensommeillée 30 ans durant, j’avais besoin d’éveil, j’avais du stock. C’est moins le cas maintenant.
J’ai vécu de grands moments d’angoisses aussi, frôlé l’addiction. Les orgasmes multiples ont parfois eu l’effet de drogues dures sur moi, je ressentais des descentes de sérotonine. Difficile de reprendre une vie lambda après une nuit dans la peau orgastique d’une déesse.
De grandes pulsions de vies qui n’avaient d’égal que de grandes pulsions de morts.
Après certaines soirées extraordinaires, je pouvais passer trois jours des plus mornes. Je finissais, non sans culpabilité envers ma famille, par préférer ma vie d’Eulalie.
Aujourd’hui, je goutte une grande dépression, je reste des journées au lit (ça ce n’est pas surprenant, ce qui l’est, c’est que je suis seule et presque sans sextoys !)
Aujourd’hui c’est Noël…
Et c’est Noël aujourd’hui. On célèbre la nuit la plus noire pour faire advenir un jour plus long que celui de la veille.
Alors, je vais célébrer cette dépression, parce que peut-être, elle vient faire advenir une vie plus lumineuse. Où j’oserai continuer à vivre ma sexualité épanouie, et où j’oserai employer tout autant d’audace et de créativité dans mes choix de vie : ma manière de prendre place dans la société, de créer ou travailler, d’élever mes enfants, de vivre mon mariage, mes mariages, mes amours, mes rencontres…
Espoirs…
À suivre…
Joyeux Noël à vous toustes. Laissez mourir la nuit noire, et célébrez le jour qui se lève, après, et comme toujours, parfait et imparfait.
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courage !